NANTES, 27 janvier (Reuters) - Le succès inespéré de "l'autoroute de la mer" entre Saint-Nazaire et Gijon (Espagne) a contribué à la stabilité du trafic du port de Nantes-Saint-Nazaire en 2011 malgré un contexte économique morose, a annoncé vendredi sa direction.

Plus de 18.000 camions ont emprunté l'an passé le ferry pour traverser le golfe de Gascogne, essentiellement dans le sens Espagne-France, alors que l'armateur LD Lines en attendait 13.000 pour cette première année d'exploitation.

"Ces chiffres sont inattendus car la précédente expérience avait été un échec, tout le monde était un peu sceptique au départ", a dit lors d'une conférence de presse Jean-Pierre Chalus, président du directoire du Grand Port maritime de Nantes-Saint-Nazaire.

La première "autoroute de la mer" entre Toulon (Var) et Civitavecchia (Italie) avait en effet été abandonnée en mars 2009 par LD Lines au bout de quatre ans d'exploitation, faute de rentabilité. Elle n'avait obtenu que 4 millions d'euros d'aides publiques pour son démarrage, selon son armateur, alors que celle entre Saint-Nazaire et Gijon en a reçu 34.

BIENTÔT UN ALLER-RETOUR QUOTIDIEN

La traversée du golfe de Gascogne, qui prend 14 heures contre 20 par la route, s'avère aujourd'hui moins chère pour les entreprises de transport, touchées par la hausse du prix des carburants. L'utilisation du ferry permet aussi à leurs chauffeurs d'avancer tout en respectant la réglementation européenne, qui leur impose sur la route 11 heures de repos toutes les 24 heures.

Des discussions ont ainsi été engagées pour faire passer la fréquence de cette autoroute de la mer franco-espagnole de trois à six allers-retours par semaine. "Ce changement était initialement prévu pour 2013 mais nous pourrions l'anticiper", a dit Jean-Pierre Chalus.

Une seconde autoroute de la mer, cette fois-ci entre le détroit de Gibraltar et Le Havre via Vigo (Espagne) et Saint-Nazaire, est par ailleurs toujours en projet.

La montée en puissance de cette liaison maritime entre Saint-Nazaire et Gijón a ainsi fait doubler en 2011 le trafic roulier du port de Nantes-Saint-Nazaire, qui demeure le quatrième port français en volumes derrière Marseille, Le Havre et Dunkerque.

Son trafic global - qui s'établit à 30,6 millions de tonnes - a été marqué par un recul du transport de gaz naturel et de charbon, compensé par une hausse des "trafics non énergétiques" comme le transport des conteneurs ou des céréales. (Guillaume Frouin, édité par Patrick Vignal)