* Le recours en urgence rejeté

* Sarkozy raille François Hollande, "Moi je"

* Pas de décision des requérants sur un éventuel appel

* Une procédure sur le fond sera engagée à plus long terme

par Chine Labbé

PARIS, 26 mai (Reuters) - L'UMP devrait être rebaptisée samedi "Les Républicains" si ses militants l'approuvent, la justice ayant rejeté mardi une demande d'interdiction en urgence de l'utilisation de cette appellation par la formation de droite.

Lors d'un meeting au Havre (Seine-Maritime), Nicolas Sarkozy a accusé François Hollande, sans le nommer, d'avoir tenté d'instrumentaliser la justice pour contrecarrer son projet de refondation.

"Un truc que je n'avais pas prévu, c'est que 'Moi je' voudrait choisir lui-même le nom de notre famille politique... Manque de chance", a raillé le président de l'UMP.

"Les gens qui n'ont pas de colonne vertébrale vont devant les tribunaux pour obtenir ce qu'ils n'obtiennent plus devant Le peuple de France", a-t-il ajouté, remerciant avec ironie "ces aimables socialistes" de la "publicité" faite au congrès de samedi.

"A gauche, ils sont socialistes avant d'être républicains. Nous sommes républicains avant d'être gaullistes, libéraux, centristes...", a souligné l'ancien chef de l'Etat.

Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a estimé mardi que "le trouble manifestement illicite et le dommage imminent", nécessaires pour justifier une mesure d'urgence, n'étaient pas "démontrés" par les 147 requérants.

"Ceux qui voulaient à tout prix troubler les militants, les faire douter, empêcher que le vote se déroule de façon sereine, ont échoué et de façon très claire", a déclaré à la sortie du tribunal le trésorier de l'UMP, Daniel Fasquelle.

"J'espère que dans ce climat serein, (les militants) pourront choisir 'Les Républicains'", a-t-il ajouté.

L'un des requérants, le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) de l'ancien ministre socialiste Jean-Pierre Chevènement, a dès mardi annoncé qu'il ferait appel de ce jugement en référé.

Cet appel --qui pourrait être examiné avant ou après le Congrès de l'UMP, prévu samedi à Paris--, ne suspendrait pas la décision du juge et ne devrait donc pas bloquer les intentions des tenants des "Républicains" lors de leur congrès "fondateur".

L'UMP INVOQUE SA LIBERTÉ CONSTITUTIONNELLE

A plus long terme, les requérants entendent poursuivre le combat et contester sur le fond l'utilisation par l'UMP de ce nom devant le tribunal de grande instance de Paris. Cette procédure pourrait prendre plusieurs mois.

Les associations, groupes politiques et les quelque 143 personnes à l'origine de ce recours estiment que, par cette appellation, l'UMP "cherche à s'approprier de manière exclusive la dénomination de républicains en France".

La marque "Les Républicains" et trois logos ont été déposés en novembre dernier pour le compte de l'UMP auprès de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI) par l'agence de publicité et de communication Aubert Storch Associés Partenaires.

L'UMP, qui souligne que "des noms et intitulés similaires sont utilisés dans d'autres pays" sans aucune difficulté, a fait valoir son droit à exercer "librement" son activité, comme le prévoit la Constitution.

Dans son jugement, le tribunal estime mardi que les requérants n'établissent "aucunement en quoi ce changement de nom porterait un préjudice personnel et direct à leurs programmes, leurs valeurs ou leurs actions". Il estime par ailleurs ne pouvoir se prononcer sur les griefs de déloyauté, qui relèvent selon lui du juge du fond.

"Nous sommes déçus", a reconnu l'un des avocats des plaignants, Me Christophe Lèguevaques.

"C'est une décision qui permet au tribunal de ne pas vraiment répondre sur le fond et qui consiste à dire : 'vous n'apportez pas suffisamment la preuve du préjudice que vous subissez'", a-t-il regretté.

Les adhérents de l'UMP sont appelés à se prononcer jeudi et vendredi par vote électronique sur la nouvelle appellation choisie par Nicolas Sarkozy pour rebaptiser l'UMP, créée en 2002, et dont il compte à nouveau faire un tremplin pour l'élection présidentielle de 2017. (Edité par Sophie Louet)