PARIS, 4 mars (Reuters) - Le parquet général a requis mercredi la validation de la procédure dans l'affaire dite des "écoutes", où Nicolas Sarkozy est mis en examen pour corruption et trafic d'influence actifs et recel de violation du secret professionnel, a-t-on appris de source proche du dossier.

L'ancien président et son avocat, Me Thierry Herzog, également mis en examen dans ce dossier, contestent notamment la légalité des écoutes à l'origine de cette enquête.

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris a examiné mercredi les requêtes en nullité qu'ils ont déposé mi-septembre, et le parquet général a requis leur rejet.

Elle a mis sa décision en délibéré au 7 mai prochain, a précisé la source.

Deux téléphones utilisés par l'ex-chef de l'Etat avaient été placés sur écoutes en septembre 2013 dans le cadre d'une enquête sur des accusations de financement libyen de sa campagne électorale en 2007. Son avocat avait été écouté de manière incidente.

Ces interceptions auraient révélé que Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog étaient bien renseignés sur une procédure à la Cour de cassation dans l'affaire des soupçons d'abus de faiblesse aux dépens de la milliardaire Liliane Bettencourt, dans laquelle le président de l'UMP a bénéficié d'un non-lieu.

Les juges soupçonnent Nicolas Sarkozy d'avoir proposé de faciliter une promotion à Monaco de Gilbert Azibert, ancien avocat général à la Cour de cassation, en échange de renseignements sur l'avancée du dossier.

Son placement sur écoute et l'interception de conversations avec son conseil avaient suscité l'ire de la profession, qui avait dénoncé des atteintes graves au secret professionnel.

L'opposition avait quant à elle accusé l'exécutif de s'être livré à un "espionnage politique" à des fins partisanes.

En mars 2014, dans une tribune publiée dans Le Figaro, Nicolas Sarkozy avait été jusqu'à assimiler les écoutes aux méthodes de la Stasi, la police politique de l'ex-Allemagne de l'Est.

Sur demande du président de la chambre de l'instruction, l'enquête sur ces soupçons de trafic d'influence avait été suspendue en septembre dernier dans l'attente de l'examen des requêtes en nullité.

Une décision "peu fréquente", comme l'indiquait à Reuters une source judiciaire. Outre celle-ci, seules douze instructions ont été suspendues par la cour d'appel de Paris depuis 2007. ( ) (Chine Labbé, édité par Marine Pennetier)