PARIS, 20 octobre (Reuters) - Le gouvernement français n'a aucune intention d'amender sa politique pour soutenir davantage la demande et va continuer à mener de front soutien aux entreprises et réduction du déficit, a affirmé lundi Michel Sapin.

Le ministre des Finances, qui se rend à Berlin lundi avec le ministre de l'Economie Emmanuel Macron pour un entretien avec leurs homologues allemands Wolfgang Schäuble et Sigmar Gabriel, assure que l'exécutif a choisi la seule voie possible, malgré les critiques dont elle fait l'objet au sein même du Parti socialiste.

La maire de Lille, Martine Aubry, a ainsi appelé de ses voeux une réorientation vers une politique plus favorable aux ménages mais le gouvernement n'entend pas changer de direction.

"Le cap est celui-là: appuyer les entreprises, diminuer la dépense publique, on ne changera pas", a répondu Michel Sapin sur France Info.

"Nous avons (...) un plan qui consiste à faire baisser les charges des entreprises pour leur permettre d'investir, d'embaucher. Est-ce qu'on va arrêter, faire un tête à queue? La réponse est non", a-t-il dit.

"Est-ce nous allons considérer tout à coup que la France ne dépense pas suffisamment, qu'il n'y a pas assez de dépenses publiques et est-ce qu'on va augmenter de je ne sais pas combien, 20 milliards? La réponse est non."

"LA SEULE SOLUTION"

Alors que Martine Aubry estime encore possible de modifier la politique menée, le ministre des Finances juge pour sa part qu'il est trop tard pour faire autre chose.

"Est-ce que c'est à mi-mandat que tout d'un coup on change de cap ? On n'aurait que des inconvénients: ni les avantages de la politique que nous menons, ni les avantages d'une autre politique parce qu'elle n'aurait même pas le temps de se mettre en place", a-t-il dit.

"Donc la seule solution aujourd'hui, c'est de réussir la politique qui est menée et je pense qu'il serait bon que chacun apporte sa pierre pour réussir cette politique", a-t-il insisté.

A l'orée d'une semaine qui, de Berlin à Bruxelles, où se tiendra jeudi et vendredi un sommet européen, va beaucoup tourner autour du projet de budget de la France pour 2015 prévoyant un déficit public de 4,5%, bien au-delà du plafond de 3% prévu par les traités européens, Michel Sapin a défendu une trajectoire "raisonnable".

"Je lis ou j'entends qu'il faudrait infléchir, il faudrait ralentir le rythme de réduction de nos déficits", a-t-il relevé.

"Qu'est-ce que je fais aujourd'hui? Je dis: il ne faut pas aller à toute force vers une diminution du déficit, il faut ralentir parce qu'il faut être en adéquation avec les besoins de l'économie française et il faut par ailleurs soutenir la croissance", a dit Michel Sapin.

"Donc j'ai le sentiment que la partie sage, raisonnable de ce qui est proposé, nous le faisons aujourd'hui", a ajouté le ministre qui a répété vouloir plaider lors de son déplacement en Allemagne pour un soutien plus fort à la croissance.

"Il y a besoin dans un certain nombre de pays dont la France de continuer à diminuer nos déficits. (...) Il y a besoin par ailleurs de réformes structurelles (...) et il y a besoin dans chaque pays en Europe, dans chaque pays, particulièrement en Allemagne, d'investissements", a-t-il dit. (Gregory Blachier, édité par Bertrand Boucey)