* Recul sans précédent depuis le début de la série en 1996
    * 90.000 chômeurs de moins en catégorie A depuis janvier
    * L'exécutif compte persévérer dans ses efforts

 (Actualisé avec précisions, réactions)
    par Myriam Rivet
    PARIS, 25 octobre (Reuters) - Le chômage s'est retourné en
nette baisse en septembre en France, effaçant son rebond du mois
d'août avec un recul d'une ampleur sans précédent depuis plus de
vingt ans, selon les chiffres publiés mardi par le ministère du
Travail.     
    A six mois de l'élection présidentielle, ce chiffre devrait
accorder un peu de répit à François Hollande, qui a fait de la
baisse du chômage une condition pour briguer un nouveau mandat
et doit désormais faire face aux doutes y compris dans les rangs
de sa majorité depuis la publication d'un livre de "confidences"
à des journalistes. 
    D'autant plus qu'il vient quelques jours après le relèvement
par Standard & Poor's de la perspective de la dette souveraine
de la France, qui est désormais considérée comme "stable" par la
principale agence de notation. 
    Le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A (sans aucune
activité) a reflué de 1,9% le mois dernier  pour s'établir à
3.490.500, soit 66.300 personnes de moins qu'à fin septembre.
Sur un an, le recul s'élève à 1,7%.    
    Une baisse d'une telle ampleur d'un mois sur l'autre est
inédite depuis le début de la série statistique du ministère,
entamée en janvier 1996.     
    Ce plongeon, qui intervient après une hausse de 1,4% en
août, ramène le nombre d'inscrits dans cette catégorie sous la
barre de 3,5 millions de personnes pour la première fois depuis
janvier 2015.
    
    "POURSUIVRE CE COMBAT"
    Mais ce chiffre, qui a évolué en dents de scie depuis le
début de l'année, reste supérieur de 567.700 à celui relevé en
mai 2012, lors de l'arrivée au pouvoir de François Hollande. 
    "Le chômage reste encore trop élevé", a observé le président
de la République dans un message publié sur Facebook. "Notre
devoir collectif, c'est de poursuivre ce combat avec constance
et persévérance et de favoriser la croissance sans remettre en
cause les principes de notre modèle social", a-t-il ajouté. 
    Un message de persévérance également relayé par le Premier
ministre Manuel Valls sur Twitter. "Il faut poursuivre", a-t-il
indiqué tout en soulignant que la baisse du nombre de demandeurs
d'emploi inscrits en catégorie A, dont le cumul s'élève à 90.000
depuis le début de l'année, confirme que la politique économique
du gouvernement "porte ses fruits".         
    En ajoutant les catégories B et C (personnes exerçant une
activité réduite), le nombre d'inscrits à Pôle Emploi a diminué
de 0,7% en un mois, soit 38.000 personnes de moins, à 5.480.200
(5.781.300 en incluant les départements d'Outre-mer, également
en baisse de 0,7% sur un mois). Mais sur un an, il augmente de
1,0%.  
    Même si le chiffre du seul mois de septembre est en repli
par rapport à août, "la somme de ces catégories A, B et C a une
tendance plutôt haussière (en moyenne sur trois mois le point de
septembre est le plus haut historique)", en lien avec une
dynamique macroéconomique réduite, observe Philippe Waechter,
chef économiste de Natixis Asset Management, dans une note
publiée sur son blog. 
    Selon lui, "comme on ne peut pas s'attendre à une impulsion
forte sur l'activité au cours des prochains mois, il est
probable que la dégradation du marché du travail vue à travers
les chiffres de Pôle emploi a de fortes chances de se
poursuivre".
    
    PAS D'"EFFET FORMATION"
    En ce qui concerne la catégorie D, qui regroupe les
demandeurs d'emploi non tenus de rechercher un emploi, en raison
par exemple d'une formation ou d'une maladie, se maintient
au-dessus du seuil de 300.000 personnes qu'elle a franchi pour
la première fois en juin.     
    Le nombre d'inscrits dans cette catégorie reste relativement
stable, avec un reflux de 0,2% sur un mois, mais il affiche un
bond de 16,4% sur un an, sous l'effet du plan de 500.000
formations supplémentaires pour les demandeurs d'emploi annoncé
par François Hollande mi-janvier.
    Pour la ministre du Travail Myriam El Khomri, cette
stabilité du nombre d'inscrits en catégorie D reflète le fait
que le dynamisme des entrées en formation est compensé par une
augmentation concomitante du nombre de sorties de formation. "La
baisse globale du nombre d'inscrits à Pôle emploi au mois de
septembre est donc essentiellement liée à l'amélioration du
retour à l'emploi", indique-t-elle dans un communiqué.
    La baisse du mois de septembre a concerné toutes les
catégories d'âge mais a davantage profité aux moins de 25 ans.
Pour la seule catégorie A, en évolution sur un mois, le nombre
d'inscrits à Pôle emploi baisse de 5,3% chez les jeunes,
abandonne 1,7% chez les 25-49 ans mais cède seulement 0,2% chez
les 50 ans et plus. 
    Sur un an, la tendance reste à la baisse chez les jeunes
(-7,0%) et les 25-49 ans (-2,0%), mais le nombre total de
chômeurs chez les seniors progresse de 2,4%.
    Le nombre de chômeurs inscrits depuis plus d'un an à Pôle
emploi, considérés comme chômeurs de longue durée, s'inscrit en
légère baisse de 0,3% en septembre, à 2.415.500, un plus bas
depuis août 2015. Il régresse également de 0,5% sur un an.     
    A la différence de l'évolution irrégulière du nombre de
demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi, le taux de chômage
selon les critères du Bureau international du travail (BIT), qui
permet les comparaisons internationales, est orienté à la baisse
depuis l'automne 2015. 
    Au deuxième trimestre, il s'établissait à 9,6% de la
population active en France métropolitaine et à 9,9% en incluant
les départements d'Outre-mer.    
     
 Les indicateurs français en temps réel                    
 Les indicateurs de la zone euro en temps réel             
 LE POINT sur la conjoncture française                     
 
 (Myriam Rivet, avec Leigh Thomas, édité par Yves Clarisse)