(Suppression du point d'interrogation § 1)

* Les agressions de Dijon ne sont pas terroristes, dit le parquet

* L'homme qui a blessé 13 personnes a un lourd passé psychiatrique

* Hollande appelle à la "vigilance"

DIJON, Côte-d'Or, 22 décembre (Reuters) - L'automobiliste qui a blessé 13 piétons dimanche à Dijon (Côte d'Or) est un déséquilibré qui n'avait pas de motivations terroristes, même s'il dit avoir agi en pensant aux enfants de Palestine ou de Tchéchénie, a déclaré lundi le parquet.

Cet homme de 40 ans, qui a effectué 157 passages en psychiatrie en une dizaine d'années, sera présenté mardi à la justice pour tentatives d'assassinat, a précisé Marie-Christine Tarrare, procureur de la République de Dijon.

"Cette dramatique affaire est l'oeuvre d'un déséquilibré et il ne s'agit absolument pas d'un acte terroriste", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse.

Huit personnes fauchées par l'automobiliste dimanche soir dans plusieurs rues de Dijon étaient toujours hospitalisées lundi mais leurs vies ne sont pas en danger.

Des témoins ont affirmé qu'avant d'être interpellé, cet homme né en France d'une mère algérienne et d'un père marocain avait crié "Allahou Akbar" (Dieu est grand) et revendiqué son geste en pensant aux enfants de Palestine.

Les autorités n'ont toutefois pas lié son acte à celui de l'homme abattu samedi à Joué-lès-Tour (Indre-et-Loire) par des policiers qu'il avait agressés à l'arme blanche en criant lui aussi "Allahou Akbar".

Aucune documentation en lien avec l'Etat islamique n'a été retrouvée lors des perquisitions visant l'homme gardé à vue à Dijon, qui ne disposait pas d'internet et vivait chez ses parents.

Marie-Christine Tarrare a indiqué qu'il avait "reconnu parfaitement" les faits, tout en jugeant ses motivations "floues et peu cohérentes".

Lors de son interpellation, l'homme a d'abord dit avoir agi "pour réagir au traitement qui pourrait être fait aux enfants de Palestine", a-t-elle dit.

PSYCHOSE À DÉLIRE MYSTIQUE

Puis il a expliqué, alors qu'il regardait une émission de Noël à la télévision, "avoir été pris d'une bouffée d'empathie pour les enfants de Tchétchénie et pour la manière dont les Tchétchènes étaient victimes de tortures".

Il aurait alors voulu "s'en prendre à l'Etat français", envisageant de viser des policiers ou des militaires, mais serait passé devant le commissariat de la ville sans passer à l'acte, préférant s'en prendre à des piétons.

L'homme a reconnu avoir crié "Allahou Akbar" pour se "donner du courage" et pour "annihiler tout esprit critique".

Marie-Christine Tarrare a insisté sur son lourd passé psychiatrique, précisant qu'il souffrait d'une "psychose ancienne à délire mystique" et qu'il était un ancien toxicomane.

Après les événements de Joué-lès-Tour et de Dijon, François Hollande a appelé à "ne pas céder à la panique" tout en faisant preuve d'une "extrême vigilance", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, à l'issue du conseil des ministres.

Nathalie Goulet, sénatrice de l'Orne et présidente de la commission d'enquête sur la lutte contre les réseaux djihadistes, a elle aussi appelé à "garder la tête froide" et à "se garder des amalgames".

"Comment faire la différence entre un illuminé, instable, déséquilibré et un vrai terroriste ? Un cri d'Allah Akbar fait-il le terroriste ?", demande-t-elle dans un communiqué où elle met en garde contre "la course à l'information".

Pour Nathalie Goulet, la détection précoce d'une islamisation radicale doit être une priorité.

"Le tout sécuritaire est insuffisant, l'inventaire des mesures existantes, 14 lois antiterroristes en 20 ans, et de l'évolution des technologies en sont la preuve et l'équation ne trouve pas sa solution dans l'invective ou le tout répressif", explique-t-elle.

Le ministre de l'Intérieur a annoncé samedi soir un renforcement des mesures de sécurité des personnels au sein des services de police et des unités de gendarmerie comme sur la voie publique. (Gérard Bon, avec Antony Paone à Dijon, édité par Yves Clarisse)