* Un budget qui répond aux attentes des Français, dit Le Maire

* Critiques concentrées sur la suppression de l'ISF et le PFU

* Darmanin insiste sur la "sincérité" du PLF

PARIS, 17 octobre (Reuters) - Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a défendu mardi l'équité du projet de loi de finances 2018 (PLF) face au critiques de l'opposition, qui dénonce un "budget pour les riches" au vu de ses principales dispositions fiscales.

"Oui, ce budget est juste", a-t-il dit à l'ouverture du débat parlementaire sur le premier budget du quinquennat.

"Il est juste parce qu'il répond aux attentes de nos compatriotes, il est juste parce qu'il change cette logique qui consistait systématiquement à redistribuer un argent que l'on n'avait pas, pour donner au contraire la possibilité à tous de progresser, de s'élever, de réussir dans la société française".

Le PLF 2018 intègre des baisses de prélèvements et de dépenses conformes aux promesses électorales d'Emmanuel Macron, le tout dans une trajectoire compatible avec les engagements européens de la France : le déficit public devrait ainsi revenir à 2,6% du PIB à la fin 2018 contre 2,9% attendu fin 2017.

Les critiques de l'opposition se sont concentrées sur deux mesures phares : le recentrage de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) sur le seul patrimoine immobilier et l'instauration d'un prélèvement forfaitaire unique de 30% sur les revenus du capital.

Conçues pour favoriser le risque et la réorientation de l'épargne vers le financement des entreprises, elles coûteront 4,5 milliards d'euros aux finances publiques.

Les députés de la majorité ont tenté d'en atténuer la portée symbolique en votant en commission une hausse des taxes d'immatriculation des voitures de sport et luxe, des droits sur les yachts de luxe (plus de 30 mètres) et de la taxe forfaitaire sur la cession des objets précieux.

"PLUS DE REDISTRIBUTION"

S'ajoutent à ces mesures d'autres dispositions dénoncées à gauche, comme la diminution des emplois aidés ou des aides au logement, et à droite, avec la baisse du pouvoir d'achat des retraités les plus riches du fait de la hausse de 1,7 point de la CSG, qui servira à financer la suppression des cotisations salariales d'assurance maladie et chômage.

Bruno Le Maire a souligné que la politique de redistribution du gouvernement devait être jugée dans son ensemble et insisté aussi sur la hausse des minima sociaux prévue dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Avec aussi la suppression de la taxe d'habitation pour 80% des ménages qui se fera sur trois ans et la hausse du pouvoir d'achat des salariés du fait de la baisse de leurs cotisations, "nous aurons chaque année non pas moins, mais plus de redistribution de revenu en France", a assuré le ministre.

Le PLF 2018 prévoit un déficit de 82,9 milliards d'euros, en nette hausse par rapport à celui, révisé, de 2017, qui est maintenant estimé à 76,5 milliards.

Cette évolution tient notamment au fait que l'Etat assumera seul le coût des baisses de prélèvements obligatoires.

Celles-ci ont été chiffrées à 10 milliards d'euros en année pleine - six milliards pour les ménages, quatre milliards pour les entreprises, dont le taux d'imposition baissera - mais seront limitées de facto à sept milliards en 2018 après la décision de reporter à la rentrée de septembre une partie de la suppression des cotisations salariales.

"CHOIX FORTS"

De même, l'Etat compensera pour trois milliards d'euros la hausse de 1,7 point de la CSG (Contribution sociale généralisée) pour les fonctionnaires, qui ne bénéficieront pas des baisses de cotisations salariales programmées en échange et, pour une somme comparable, la première tranche de la suppression partielle de la taxe d'habitation pour les collectivités locales.

Dans ce contexte, l'amélioration des comptes publics reposera l'an prochain sur la Sécurité sociale et les administrations locales.

Les principaux ministères régaliens - Défense, Intérieur, Justice - ainsi que l'Education nationale et la Transition écologique bénéficieront de budgets en hausse.

Trois secteurs, le logement, les transports et l'emploi, concentreront les économies.

"Toutes les promesses du président de la République et de la majorité parlementaire sont là. C’est le budget des promesses tenues", a déclaré le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérard Darmanin.

Pour lui, ce budget est marqué par "des choix forts" en faisant de "la réduction de la dépense publique une priorité pour satisfaire aux objectifs budgétaires du quinquennat".

Il a fait valoir aussi qu'il répondait à une obligation de sincérité, puisque les postes de dépenses traditionnellement sous-budgétés tels que les opérations militaires extérieures ou l'hébergement d'urgence ont été augmentés à la hauteur de prévisions d’exécution, ce qui permettra de diminuer la traditionnelle mise en réserve de crédits de 8% à 3% du total.

Voir aussi

Les principales mesures du PLF 2018

TABLEAU des principales prévisions du budget 2018 et des finances publiques 2018-2022 (Yann Le Guernigou et Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)