* "L'intox a commencé", déplore Alain Juppé
* Il se dit déterminé à aller jusqu'au bout de sa démarche
* Il se dit neutre pour l'élection à la présidence de l'UMP
PARIS, 21 septembre (Reuters) - Alain Juppé, candidat à une primaire de la droite pour l'élection présidentielle de 2017, a jugé dimanche que le match avec Nicolas Sarkozy était lancé, deux jours seulement après le retour officiel en politique de l'ex-président.
Ce dernier multiplie les piques dans le Journal du Dimanche contre son ministre des Affaires étrangères et son ex-Premier ministre, François Fillon, aujourd'hui ses principaux rivaux pour une éventuelle primaire à droite.
Riposte d'Alain Juppé dans l'émission Le Grand Rendez-vous,
sur Europe 1 et i
Le maire de Bordeaux a assuré qu'il était au contraire
décidé à briguer l'investiture de la droite : "Je ne suis pas
une girouette", a-t-il déclaré. "Je vais aller jusqu'au bout
(...) Si je suis candidat à la primaire c'est pour la gagner."
Il a rejeté les arguments avancés en privé par Nicolas
Sarkozy et sa garde rapprochée pour tenter de jeter le doute sur
la détermination de l'ancien chef de la diplomatie, tels que son
âge ou ses déboires judiciaires passés.
"En matière d'ennuis judiciaires, il ne vaut mieux pas se
livrer à un match", a-t-il dit - allusion à la demi-douzaine de
dossiers dans lesquels le nom de l'ex-chef de l'Etat est cité.
Quant à l'âge, ce peut être un gage d'expérience, a ajouté
Alain Juppé, qui a eu 69 ans le 15 août et a réaffirmé qu'il ne
ferait qu'un seul quinquennat s'il était élu en 2017.
"Quand je prendrai des décisions un peu difficiles, si je
suis élu président de la République, je ne me demanderai pas si
c'est bon ou mauvais pour ma réélection", a-t-il souligné.
Il a également mis en avant sa longue expérience de maire de
Bordeaux et de la communauté urbaine bordelaise : "Ça permet de
bien comprendre ce qu'attendent les gens, parce qu'on est proche
d'eux (...) Moi, j'ai fait des choses ici." JUPPÉ "NEUTRE" POUR LA PRÉSIDENCE DE L'UMP
Alain Juppé, membre de la direction provisoire de l'UMP, a
réaffirmé qu'il n'entendait pas briguer la présidence du
mouvement, contrairement à Nicolas Sarkozy, qui en a fait une
étape de sa tentative de reconquête du pouvoir.
"Je resterai neutre dans cette élection", a-t-il dit.
L'ancien ministre a cependant réaffirmé qu'il serait
"vigilant" sur deux points : la ligne politique du mouvement,
pour lequel il prône une "large ouverture à la droite et au
centre", et l'organisation, le moment venu, d'une primaire
ouverte à d'autres sensibilités politiques.
"Si le futur parti ne prenait pas d'engagement précis sur
l'organisation de primaires (...) avec d'autres forces
politiques de la droite et du centre, ça me poserait un
problème", a souligné Alain Juppé.
De façon plus générale, il s'est dit prêt, pour sa part, à
tendre la main aux déçus de la gauche et du gouvernement de
François Hollande et Manuel Valls.
"S'il y a des hommes de gauche et des femmes de gauche qui
sont profondément déçus par ce qu'il se passe, qui ne croient
plus à un certain socialisme et qui sont intéressés par ce que
je dis, moi je veux rassembler de la droite jusqu'au centre
gauche", a-t-il expliqué.
Il a en revanche averti qu'il n'entendait pas se laisser
enfermer dans un face-à-face avec Nicolas Sarkozy : "Je ne vais
pas passer mon temps à me positionner par rapport à Nicolas
Sarkozy, à ce qu'il pense, ou à ce qu'il est supposé penser."
"Je ne vais pas me lancer dans un concours de beauté",
a-t-il ajouté. "Quand je me rase tous les matins, je ne pense
pas à Sarkozy."
(Emmanuel Jarry)