PARIS, 24 novembre (Reuters) - Les enquêteurs ont commencé à reconstituer le parcours du chef opérationnel des attentats du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud, en croisant des données issues de la téléphonie et des images de vidéosurveillance, a déclaré mardi le procureur de Paris, François Molins.

Ce Belge d'origine marocaine de 28 ans est mort lors de l'assaut des forces de l'ordre contre un appartement du centre-ville de Saint-Denis le 18 novembre.

Les mouvements de Salah Abdeslam, complice présumé toujours recherché, commencent également à se dessiner.

ABDELHAMID ABAAOUD, MORT

VENDREDI 13 NOVEMBRE

* Entre 20h40 et 21h21 : "relation soutenue" entre la ligne téléphonique utilisée par Bilal Hadfi -- l'un des kamikazes du Stade de France, à Saint-Denis -- et une ligne très probablement utilisée par Abdelhamid Abaaoud.

* 22h00 : La Seat à bord de laquelle s'est déplacé le commando qui a attaqué des bars et restaurants des Xe et XIe arrondissements de Paris est abandonnée à Montreuil (Seine-Saint-Denis), à l'est de Paris.

* 22h14 : Abdelhamid Abaaoud est vu en compagnie d'un second individu non identifié à la station de métro Croix de Chavaux, à Montreuil.

* 22h26 : Ils sortent à station de métro Nation, à Paris.

* Entre 22h28 et 00h28 : Selon la géolocalisation de sa ligne téléphonique présumée, Abdelhamid Abaaoud est repéré dans les XIIe, XIe et Xe arrondissements, notamment près du Bataclan. "On peut penser qu'il est revenu sur les scènes de crime après les attentats commis sur les terrasses des cafés et restaurants des Xe et XIe arrondissements et alors que la BRI intervenait encore au Bataclan", a relevé François Molins.

DIMANCHE 15 NOVEMBRE, LUNDI 16 NOVEMBRE

* A partir de la soirée du dimanche 15 novembre, Abdelhamid Abaaoud a pu se trouver entre La Courneuve et Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), au nord-est de Paris.

MARDI 17 NOVEMBRE

* 22h00: Caché derrière un buisson, en compagnie d'un second individu, Abdelhamid Abaaoud retrouve sa cousine Hasna Ait Boulahcen rue des Bergeries, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). La jeune femme lui a trouvé un lieu de repli en entrant en contact avec Jawad Bendaoud, qui a fourni l'appartement de la rue du Corbillon, à Saint-Denis.

* 22h45: Abdelhamid Abaaoud, sa cousine Hasna Ait Boulahcen et le second individu non identifié arrivent à l'appartement de la rue du Corbillon à Saint-Denis.

MERCREDI 18 NOVEMBRE

A l'issue de l'assaut contre cet appartement, sont retrouvés morts:

- Abdelhamid Abaaoud

- Hasna Ait Boulahcen

- un kamikaze non identifié, dont l'ADN et les empreintes papillaires ne figurent pas dans les fichiers français. En revanche ses empreintes génétiques correspondent à de l'ADN retrouvé sur une kalachnikov saisie dans la Seat, "ce qui permet de supposer qu'il est peut-être le troisième homme du commando des terrasses", a indiqué François Molins. Il a utilisé un dispositif explosif avec boulons "similaire à ceux utilisés par les autres terroristes", a-t-il poursuivi.

SALAH ABDESLAM, RECHERCHÉ

VENDREDI 13 NOVEMBRE

* 21h59 : Arrivée place Albert-Kahn, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, d'une Clio depuis la porte de Clignancourt. Les occupants du véhicule n'ont pas été identifiés à ce stade, mais on y a trouvé de l'ADN de Salah Abdeslam, en particulier sur la clé. Selon les enquêteurs, Salah Abdeslam aurait pu conduire les kamikazes du commando du Stade de France à Saint-Denis avant de regagner Paris, mais il ne s'agit pour l'instant que d'une hypothèse.

* 22h30 : Salah Abdeslam achète une puce de téléphone rue Doudeauville, dans le XVIIIe arrondissement, et l'active immédiatement.

Il passe ensuite plusieurs appels en Belgique, à Hamza Attou et Mohamed Amri, qui ont depuis été inculpés et incarcérés en Belgique.

* Ce téléphone est ensuite repéré à 23h17 à Montrouge, à 23h30 à Bagneux puis allée Vauban, à Châtillon, de 00h16 à 05h27. Ces trois communes limitrophes des Hauts-de-Seine sont situées dans le sud de Paris.

SAMEDI 14 NOVEMBRE

* Au petit matin, Salah Abdeslam, Hamza Attou et Mohamed Amr partent pour la Belgique. Ils font ensuite l'objet d'un contrôle routier à Cambrai, dans le Nord. Mais le nom de Salah Abdeslam n'est pas encore apparu dans l'enquête sur les attentats de la veille et il est laissé libre. Il est désormais l'homme le plus recherché d'Europe. (Myriam Rivet pour le service français, édité par Sophie Louet)