* Un jeune de 19 ans, fiché "S" depuis un mois

* Une information donnée par Ankara après son retour en France

* C'est sa photographie qui semble avoir été diffusée vendredi

* Quatre personnes en garde à vue (Actualisé détails sur Petitjean en Turquie)

par Chine Labbé

PARIS, 28 juillet (Reuters) - Le second auteur de l'attaque contre l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), au cours de laquelle un prêtre a été tué, a été formellement identifié jeudi comme étant Abdel-Malik Nabil Petitjean, a-t-on appris de source judiciaire.

Âgé de 19 ans, il était fiché "S" pour sa radicalisation depuis un mois, dit une source proche du dossier.

Des policiers pensent par ailleurs qu'il s'agit de l'homme dont la photographie a été diffusée vendredi à tous les services de police et de renseignement français comme étant prêt à participer à un attentat, selon des sources policières.

"Après comparaison ADN, il apparaît que le second terroriste est identifié comme étant Abdel-Malik Nabil Petitjean, né le 14 novembre 1996 à Saint-Dié-des-Vosges", en Lorraine, a indiqué une source judiciaire. Il résidait à Aix-les-Bains (Savoie).

Sa carte d'identité avait été retrouvée au domicile d'Adel Kermiche, l'autre auteur de l'attaque commise mardi et revendiquée par l'Etat islamique.

Le 10 juin, Petitjean a été interrogé par des "profileurs" à l'aéroport d'Istanbul, porte d'entrée traditionnelle vers la Syrie, rapporte une source turque.

Mais les Turcs n'ont transmis son nom aux autorités françaises que fin juin, indique une source proche du dossier.

A Paris, une fiche "S" pour radicalisation a "aussitôt" été émise à son encontre, le 29 juin, ajoute cette source.

Mais au moment où Paris a émis cette fiche, qui visait à surveiller son retour, en versant notamment son nom au Système d'information Schengen (SIS), Petitjean était déjà en France.

Il avait fait demi-tour dès le 11 juin, date à laquelle il était inconnu des services de renseignement et de police français, les Turcs n'ayant pas encore communiqué d'information à son sujet, précise cette source.

QUATRE GARDES À VUE EN COURS

Environ 10.500 personnes font l'objet d'une fiche "S" en France pour leur lien avec la mouvance islamiste, indiquait en décembre le Premier ministre Manuel Valls.

Outre sa fiche, des policiers font le rapprochement jeudi entre Petitjean et la photographie diffusée vendredi dernier par l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (UCLAT) via une note dans laquelle elle évoquait une "menace contre le territoire national", selon des sources policières.

Un rapprochement qu'ils font notamment après avoir visionné une vidéo de l'Amaq, l'agence de communication de l'Etat islamique, dans laquelle deux hommes présentés comme les assaillants de l'église prêtent allégeance à son chef, précisent-elles.

La note de l'UCLAT, révélée par RTL, faisait état d'une information "fiable" selon laquelle l'individu photographié se trouverait en France et serait "prêt à participer à un attentat sur le territoire national", seul ou avec d'autres, explique une source policière.

"La date, la cible et le modus operandi de ces actions sont pour l'heure inconnus", ajoutait l'UCLAT, qui appelait les services à transmettre toute information pouvant permettre son identification.

L'individu, pour lequel les services ne disposaient que d'une photographie, sans autre indication, a été "cherché sans relâche", dit une source proche du dossier.

Trois personnes de l'entourage d'Abdel-Malik Nabil Petitjean ont été placées en garde à vue mercredi, a-t-on appris de source judiciaire. Un mineur de 16 ans interpellé mardi dans le cadre de l'enquête était toujours en garde à vue jeudi, a-t-elle précisé.

BRACELET ÉLECTRONIQUE

Ce jeune avait été assigné à résidence en fin de semaine dernière dans le cadre de l'état d'urgence, a indiqué mercredi le ministre de l'Intérieur, selon qui les premiers éléments de l'enquête laissent penser qu'il n'a aucun lien avec l'attaque de l'église.

Né en Algérie, ce jeune homme est le frère cadet d'un individu parti vers la zone irako-syrienne le 20 mars 2015 avec les papiers d'identité du premier tueur de l'église, Adel Kermiche, d'après le procureur de Paris, François Molins.

Adel Kermiche, 19 ans, était originaire de Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime). Aucune condamnation ne figurait sur son casier judiciaire mais il était connu de la justice antiterroriste pour avoir tenté par deux fois de gagner la Syrie en 2015.

Après avoir passé dix mois en détention provisoire, il avait été placé en mars dernier sous contrôle judiciaire, avec assignation à résidence sous surveillance électronique, contre l'avis du parquet. Au moment des faits, il était porteur d'un bracelet électronique qui l'autorisait à sortir en semaine de 08H30 à 12H30. L'attaque a eu lieu vers 09H25 mardi.

Treize djihadistes présumés - mis en examen ou condamnés - sont actuellement surveillés en France à l'aide d'un bracelet électronique.

On ignore pour l'instant comment les deux hommes, qui se revendiquaient de l'Etat islamique, se connaissaient. Ils habitaient à près de 700 kilomètres l'un de l'autre, et Kermiche avait interdiction de quitter la Seine-Maritime.

Ils ont été abattus mardi par les forces de l'ordre après avoir tué à l'arme blanche un prêtre et gravement blessé un fidèle dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray. (avec Service France et Ece Toksabay à Istanbul, édité par Yves Clarisse)