* Démission de Lepaon à l'ordre du jour de réunions en janvier

* Le secrétaire général tente d'ultimes manoeuvre pour rester

* La CGT traverse la crise la plus grave de son histoire (Avec détails, contexte)

par Emmanuel Jarry

PARIS, 17 décembre (Reuters) - Le sort du secrétaire général de la CGT Thierry Lepaon et de son bureau confédéral sera scellé au plus tard le 13 janvier lors d'une session extraordinaire de son parlement, le Comité confédéral national (CCN), a confirmé le syndicat mercredi.

Les appels à la démission de Thierry Lepaon se multiplient dans la confédération depuis les révélations sur la rénovation de son logement de fonction et de son bureau et une indemnité perçue lorsqu'il a quitté ses responsabilités en Normandie.

"La Commission exécutive confédérale se réunira les 6 et 7 janvier 2015 pour valider des propositions d'évolution totale ou partielle de la composition du bureau confédéral qui seront faites au CCN", lit-on dans une note envoyée mercredi aux organisations qui la constituent.

C'est un des deux points à l'ordre du jour de la session extraordinaire du CCN, seule instance habilitée à révoquer le secrétaire général.

La commission exécutive (CE) juge qu'"une vacance de direction" durant les fêtes de fin d'année serait dangereuse pour la CGT. D'où le report de toute décision à début 2015.

"Ce délai permettra au secrétaire général d'avoir sa propre réflexion, y compris sur la poursuite de son mandat", ajoute la note censée résumer les débats qui ont eu lieu mardi à la CE.

Cette réunion avait été précédée lundi par une assemblée générale informelle des secrétaires généraux de fédérations et d'unions départementales, qui constituent le CCN.

Selon des sources internes, une majorité de participants ont souhaité le départ de Thierry Lepaon, qui a tenté mardi, en CE, une nouvelle manoeuvre pour rester jusqu'au congrès prévu en 2016, avec le soutien des dirigeants de cinq fédérations --énergie, santé, cheminots, transports, métallurgie.

Certain de ses proches ont proposé, sous prétexte que les fautes qui lui sont reprochées étaient collectives, la démission en bloc du bureau confédéral, à l'exception de Thierry Lepaon, qui resterait à son poste pour former une nouvelle équipe.

MANOEUVRES

Le secrétaire général de la fédération de la métallurgie, Philippe Martinez, candidat potentiel à sa succession, est un de ceux qui ont proposé cette solution, dit-on de même source.

"La ficelle était grosse. Les membres du bureau confédéral ont refusé", a déclaré à Reuters un dirigeant de fédération.

La note de mercredi ne mentionne pas cette proposition mais laisse entrevoir l'âpreté des débats de lundi et mardi.

Elle précise que l'assemblée générale de lundi a permis de "constater une diversité d'opinions et d'interrogations, tant sur la démission du secrétaire général et du bureau confédéral que sur l'anticipation d'un congrès".

Mardi la CE "n'a évacué aucune question, ni celle de la démission du secrétaire général, ni celle de l'ensemble des membres du bureau confédéral", poursuit-elle.

Mais elle a réfuté toute idée d'enrichissement personnel ou de malversation de Thierry Lepaon. Selon la note, elle a au contraire souligné "l'intégrité et l'honnêteté" du secrétaire général et sa volonté de préserver l'unité de l'organisation.

Thierry Lepaon s'était défendu de tout comportement fautif lors d'une précédente réunion de la CE, le 9 décembre.

Il avait notamment dit que l'indemnité de 26.650 euros reçue à son départ de Normandie compensait un "préjudice" concernant sa retraite et précisé avoir demandé une baisse de son salaire de secrétaire général à 4.000 euros par mois au lieu de 5.200.

Il avait assuré qu'il se rangerait à la "décision collective", tout en dénonçant une "campagne de presse" alimentée par des "rumeurs" lancées de l'intérieur de la CGT.

Selon la note de la direction, la CE a aussi dénoncé mardi un "déferlement médiatique indigne" facilité "en interne", qui "pèse sur l'appréciation de la situation par les militants". Et elle a "insisté sur le besoin de continuité".

Selon un dirigeant de fédération favorable au départ de Thierry Lepaon, celui-ci pourrait tenter un "plan B" d'ici la prochaine réunion de la CE pour reformer une équipe "à sa main".

"Ce sont des manoeuvres d'appareil mais ça ne vole pas haut", déplore ce responsable. "L'organisation est en miettes. C'est vers un suicide collectif qu'il nous entraîne."

Mais "la messe est dite", prédit-il cependant. "Le message est clair : il y a un problème de confiance ; ou il démissionne ou c'est le CCN qui le fera partir."