PARIS, 18 septembre (Reuters) - Le système de sociétés d'économies mixtes (SEM) à majorité publique envisagé pour les barrages hydroélectriques en France est "mauvais", a estimé jeudi le PDG d'EDF, Henri Proglio, critiquant ainsi une mesure du projet de loi sur la transition énergétique de Ségolène Royal.

Prévu pour les barrages hydrauliques dont la concession expire, ce système s'inspire de la Compagnie nationale du Rhône (CNR), détenue à 50,1% par la CDC et des collectivités locales et à 49,9% par GDF Suez.

Il est censé répondre aux exigences de mise en concurrence de Bruxelles et permettre à l'Etat de garder un contrôle public sur les barrages.

"Un des sujets majeurs, c'est jusqu'où doit-on aller dans la concurrence et la désoptimisation ? (...) Toutes les formes peuvent être adaptées, pourquoi pas les sociétés d'économie mixte, qui ont beaucoup de défauts et pas beaucoup de qualités ?", a déclaré Henri Proglio lors d'une audition à l'Assemblée nationale.

Prié de dire quel serait selon lui la proportion d'investisseurs publics permettant aux SEM de fonctionner, Henri Proglio a ajouté : "Un mauvais système avec un pourcentage, ça peut être n'importe quoi, ça restera mauvais."

"S'il n'y a pas d'opérateur en charge, ça devient un peu plus impertinent encore. C'est une activité industrielle, il faut que ce soit un opérateur qui la gère, sous contrôle évidemment de son partenaire, de son actionnaire Mais on peut s'accommoder de tout."

La mise en concurrence des barrages était une promesse de la majorité précédente, qui avait annoncé en 2010 le lancement d'ici 2015 d'appels d'offres pour dix barrages d'une capacité totale de 5.300 mégawatts, soit 20% de la puissance hydroélectrique française, en application de directives européennes.

Plusieurs groupes européens comme l'allemand E.ON ou le français Direct Energie appellent à la mise en concurrence des concessions françaises, opérées à 80% par EDF et à 15% environ par GDF Suez.

L'énergie hydraulique a représenté 13,8% de la production d'électricité en France en 2013, derrière le nucléaire (73,3%) mais loin devant l'éolien (2,9%) et le solaire (0,8%). (Benjamin Mallet, édité par Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : E.ON SE, DIRECT ENERGIE, EDF, GDF SUEZ