PARIS, 22 avril (Reuters) - Les députés ont adopté dimanche un amendement au projet de loi asile et immigration limitant la possibilité de poursuites pénales pour aide au séjour irrégulier d'un étranger, dit "délit de solidarité".

Le fait d'aider à la circulation, de transporter ces migrants ou de leur fournir une aide linguistique ou sociale a notamment été ajouté au nombre des exceptions prévues par la loi par le biais de cet amendement déposé par le gouvernement, mais aussi La République en Marche (LaRem) et le Modem.

Le texte prévoit ainsi d'interdire les poursuites à l'égard de "toute personne physique ou morale, lorsque l'acte reproché a consisté à fournir des conseils et de l'accompagnement, notamment juridiques, linguistiques ou sociaux, ou des prestations de restauration, d'hébergement ou de soins médicaux destinées à assurer des conditions de vie dignes et décentes à l'étranger, ou bien toute autre aide visant à préserver la dignité ou l'intégrité physique de celui-ci (...), sauf si l'acte a donné lieu à une contrepartie directe ou indirecte ou a été accompli dans un but lucratif".

L'amendement a été soutenu par la majorité et l'ensemble de la gauche et son vote a été salué par leurs applaudissements, sur fond de difficile examen du projet de loi asile et immigration.

La droite a voté contre. "Vous refusez la fermeté vis-à-vis des mafieux qui font du trafic d'êtres humains", a déclaré la député LR Valérie Boyer.

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb s'est défendu de tout laxisme face aux attaques de la droite. "Jamais nous n'accepterons sous quelque forme que ce soit d'aider les passeurs, fussent-ils animés par des raisons idéologiques, nous ne pouvons l'admettre, nous resterons dans ce qui est l'ordre et la loi en France".

Une circulaire du ministère de la Justice devait fixer par la suite le cadre d'action des forces de l'ordre.

L'amendement, qui apparaît comme une concession aux inquiétudes de l'aile gauche de la majorité sur le texte, fait suite à l'adoption la veille de l'article 16 sur l'allongement de la durée de rétention maximale pour les étrangers en attente d'expulsion à 90 jours.

Neuf députés LaRem ont voté contre et cinq autres se sont abstenus sur une des mesures les plus controversées du projet de loi.

L'opposition de tout bord a continué dimanche à défendre avec constance ses amendements, prolongeant les débats au-delà du calendrier initial. Dimanche après-midi, 200 amendements (sur plus d'un millier déposés) devaient encore être examinés, laissant présager d'un vote dans la nuit au plus tôt.

Une fois voté, le texte est attendu courant juin au Sénat. (Julie Carriat, édité par Yann Le Guernigou)