* Les intermittents du spectacle veulent renégocier la convention du 22 mars

* Ils appellent à multiplier les actions

* Des représentations annulées en raison de grèves (Actualisé avec nouvelles grèves, Hidalgo)

PARIS, 5 juin (Reuters) - Les intermittents du spectacle font planer une menace sur la tenue des festivals d'été pour contraindre le gouvernement à refuser d'entériner l'accord sur l'assurance chômage du 22 mars et rouvrir les négociations avec les partenaires sociaux.

Le ministre du Travail, François Rebsamen, a affirmé mercredi qu'il signerait la nouvelle convention de l'Unedic, parce que "l'existence même" de ce régime "était gravement menacée par le Medef".

L'organisation patronale proposait initialement d'aligner le régime des intermittents, qui les indemnise entre deux spectacles, sur le droit commun ou, à défaut, de mettre à la charge de l'Etat son surcoût évalué à 320 millions d'euros.

Mais la solution retenue par les partenaires sociaux "garantit l'essentiel des droits à l'indemnisation des intermittents et protège notamment les plus précaires d'entre eux", a estimé François Rebsamen devant les députés.

Or, les artistes et techniciens du spectacle jugent l'accord insuffisant et tentent par une stratégie de harcèlement d'ouvrir une brèche au sein même du gouvernement.

Après le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis et la maire PS de Lille, Martine Aubry, celle de Paris, Anne Hidalgo, a réclamé la réouverture des discussions, selon Le Monde.fr.

"Cet accord ne me semble pas à la hauteur d'une réforme progressiste et nécessaire du statut de l'intermittence", écrit-elle à François Rebsamen.

Dans Libération, une soixantaine de directeurs de théâtres, de festivals et de compagnies en appellent jeudi au Premier ministre, Manuel Valls. "Il serait sage d'entendre enfin la juste colère des artistes, des techniciens, des professionnels de la culture", écrivent-ils.

Sur le terrain, différents collectifs tentent de faire monter la pression, menaçant par exemple de déclarer personae non grata les membres du gouvernement dans les festivals.

MENACE SUR LE PRINTEMPS DES COMÉDIENS

A Montpellier, la première représentation de La Traviata de Verdi à l'Opéra-Comédie de la ville a été annulée mercredi soir après l'occupation du plateau par plusieurs centaines d'intermittents.

Dans la foulée, une grève des techniciens Théâtre national de Toulouse (TNT) a provoqué l'annulation de la "Nuit des Publivores" qui devait être projetée jeudi soir, selon la Coordination des intermittents et précaires (CIP).

Les techniciens de l'équipe de "Plus Belle la Vie" à Marseille ont voté la grève pour vendredi, précise-t-elle.

Parallèlement, l'équipe du Printemps des Comédiens, qui se déroule également à Montpellier, est en grève depuis mardi, ce qui laisse planer un doute sur la tenue du festival.

Plusieurs antennes du ministère du Travail ont été occupées mercredi à Marseille, Metz et Nancy, selon la CGT Spectacle, qui appelle à une journée d'action le 16 juin, à l'occasion du Conseil national des professions du spectacle (CNPS).

Les détracteurs du régime des intermittents du spectacle mettent en avant le fait que 100.000 personnes perçoivent plus de 1,3 milliard d'euros pour 240 millions de cotisations.

La nouvelle convention Unedic plafonne le cumul revenus d'activités-indemnités des intermittents à 175% du plafond de la Sécurité sociale, soit 5.475,75 euros bruts par mois.

Elle introduit un délai de carence pour leur prise en charge par l'assurance chômage et augmente le taux global de leurs cotisations et de celles de leurs employeurs de 10,8% à 12,8%.

Face à la mobilisation, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti a évoqué mardi des "pistes", comme des "Assises de l'intermittence", ou un fonds d'aide aux intermittents les plus précaires.

Mais ces propositions ont ravivé la colère des intermittents, qui refusent "une oeuvre de charité pour nos pauvres" et réclament "un accord juste et équitable".

"Nous attendons d'un gouvernement de gauche autre chose que des assises dilatoires et la promesse d'une caisse de bienfaisance", écrivent les directeurs de théâtre et de festivals dans Libération. (Gérard Bon, avec Emanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)