* Le plan en réponse aux "Gilets jaunes" largement adopté

* L'opposition cible le président jugé responsable de la crise

PARIS, 5 décembre (Reuters) - Le débat organisé mercredi sur les décisions gouvernementales prises en réponse à la colère des "Gilets jaunes" a donné lieu à des joutes chahutées à l'Assemblée nationale, où Emmanuel Macron a reçu les flèches les plus acérées.

Lors d'un vote organisé au terme de près de cinq heures de discours dans l'hémicycle, les députés ont adopté sans surprise par 358 voix contre 194 le plan de sortie de crise "sur la fiscalité écologique et ses conséquences sur le pouvoir d'achat" présenté par le Premier ministre, Edouard Philippe, qui prévoit une pause dans les hausses de taxes et les prix de l'énergie.

La majorité (LaRem et MoDem) a fait le plein de voix.

A la tribune, les chefs de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, et des Républicains, Christian Jacob, ont été acerbes à l'égard du président, qualifié de "petit génie" doublé d'un "monarque présidentiel" par le premier, désigné par le second comme unique artisan de la crise actuelle.

"Le vrai responsable, il est à l'Elysée. C'est lui qui le moment venu devra rendre des comptes aux Français", a dit Christian Jacob à l'intention du président "toujours bon à donner des leçons" qui envoie son Premier ministre "au front pour jouer le fusible institutionnel."

"Le macronisme c'est une jactance", a-t-il lancé. "On parle beaucoup pour ne rien dire. Personne ne comprend jamais rien".

Malgré l'appel "à se respecter" du président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, huées et invectives ont fusé pendant les discours, particulièrement celui du président du groupe majoritaire La République en marche, Gilles Le Gendre.

"Rien, absolument rien ne nous fera renoncer", a dit le député de Paris, qui s'est adressé aux "Gilets jaunes".

"Nous comprenons votre colère, elle ne nous est pas étrangère, mais voulez-vous compromettre par le désordre, par la violence, le redressement du pays ?", a-t-il dit à trois jours d'une nouvelle journée de mobilisation qui suscite l'inquiétude.

"Pyromane", a-t-on entendu dans les rangs LaRem à l'adresse de Jean-Luc Mélenchon, qui s'est pour sa part réjoui de l'irruption des "Gilets jaunes", que son mouvement soutient.

"Votre discours, je l'ai entendu comme une sorte de bilan d'adieux", a-t-il lancé à Edouard Philippe. "Heureux les jours que nous vivons puisqu'enfin la France est entrée en état d'insoumission générale contre un ordre injuste".

"Non la France n'est pas une start-up."

Pour le député de Marseille, favorable à l'avènement d'une VIe République, "c'est l'Histoire de France qui est en train de se passer, ce n'est pas juste une emmerdement dans votre ordre du jour parlementaire".

Le Pyrénéen Jean Lassalle, qui a récemment revêtu un gilet jaune dans l'hémicycle, allant à l'encontre des règles de l'Assemblée, s'est adressé à sa "chère France", agrémentant son discours improvisé de quelques notes chantées. (Elizabeth Pineau, édité par Myriam Rivet)