* Le travail le dimanche divise les parlementaires PS

* Macron promet de travailler avec les élus pour enrichir sa loi

* Les pouvoirs de l'Autorité de la concurrence renforcée

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PARIS, 8 décembre (Reuters) - A la veille de la présentation de son projet de loi sur la croissance et l'activité, Emmanuel Macron s'est livré mardi à un travail délicat d'explication auprès des députés socialistes sceptiques pour beaucoup, carrément hostiles pour certains, afin d'éviter que le texte soit vidé de sa substance par les élus.

Bien que le projet couvre de nombreux domaines, l'assouplissement prévu de l'encadrement du travail le dimanche dans le secteur de la distribution est au coeur des débats déjà vifs au sein de la majorité.

"Ce qui me préoccupe, ce sont les vrais problèmes des Françaises et des Français, c'est qu'après cette loi, les Françaises et les Français vivent mieux, ce ne sont pas des postures, ce sont pas des débats faussement idéologiques", a dit le ministre de l'Economie.

"C'est le début d'un travail qui commence", a-t-il ajouté à l'issue d'un "vrai débat" à huis clos avec le groupe PS de l'Assemblée nationale en s'engageant à travailler avec les élus pour enrichir et améliorer son projet de loi jusqu'à son examen au Parlement à partir du 22 janvier.

Le député de la Nièvre Christian Paul, un des chefs de file des frondeurs du PS, a estimé que la possibilité d'ouverture des magasins jusqu'à 12 dimanches par an prévue par le texte - et même sans aucune limitation dans les "zones touristiques internationales" - n'était "pas votable", car "cela ne créera pas d'emplois réellement et durablement".

Pour l'élu de Paris Pascal Cherki, un autre frondeur, "il est très compliqué d'expliquer à un certain nombre de parlementaires qu'on fasse toujours le contraire de ce qu'on avait fait dans l'opposition".

Lors des derniers débats sur la question, fin 2008, pas moins de dix ministres du gouvernement actuel avaient signé une pétition pour défendre le repos dominical à l'initiative de Christian Eckert, aujourd'hui secrétaire d'Etat au Budget.

A l'inverse, le député-maire de Boulogne-sur-Mer, Christian Cuvillier, a déclaré que limiter à douze les autorisations d'ouverture dominicale des commerces dans une région touristique comme la sienne, "c'est peut-être même insuffisant".

PRINCIPE DE COMPENSATION

Emmanuel Macron a fait valoir que son texte apportait une "vraie avancée sociale" en établissant le principe d'une compensation au travail du dimanche.

"Nous allons donner plus de marges de manoeuvres aux élus et aux territoires. La réalité des territoires français est plurielle, il faut la prendre en compte", a-t-il indiqué.

Outre le travail dominical et en soirée, le projet de loi, traite d'une série de domaines comme le transport par autocars, une réforme des professions juridiques réglementées qui suscite une forte opposition chez les intéressés, le logement, la justice prud'homale ou l'épargne salariale.

Le ministre de l'Economie a renoncé à légiférer sur les professions médicales et la réforme des tribunaux de commerce, deux sujets récupérés après arbritrage par les ministères de la Santé et de la Justice.

Mais d'autres dispositions sensibles figureront parmi la centaine d'articles du texte, dont une réforme du droit des entreprises en difficulté (procédures collectives), l'ouverture du capital des aéroports de province ou un renforcement des pouvoirs de l'Autorité de la concurrence.

Celle-ci pourra ainsi adresser aux acteurs de la grande distribution des "injonctions structurelles" qui pourraient aller jusqu'à des obligations de cessions de surfaces, une disposition déjà en vigueur dans les territoires d'outre-mer.

Karine Berger, secrétaire nationale du PS à l'Economie, a déploré que, à ce stade, aucune des demandes du parti, s'agissant notamment du travail dominical, n'ait été retenue.

La députée des Hautes-Alpes a estimé en outre que, tel qu'il se présentait, le projet du ministre de l'Economie n'était pas assez ambitieux au vu des retombées à en attendre.

Avec les autres élus du mouvement Cohérence socialiste, elle a présenté mardi une série de propositions plus porteuses de croissance selon elle pour l'économie française comme une forte baisse des dossiers d'enregistrement de brevets par les entreprises ou une réforme de l'accompagnement et des financements à l'export pour les PME. (Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)