AIX-EN-PROVENCE, Bouches-du-Rhône, 3 juillet (Reuters) - Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a rendu hommage dimanche à Michel Rocard après la mort de l'ancien Premier ministre, qu'il voit comme un "modèle" avec lequel la classe politique s'est parfois montrée injuste.

"Michel Rocard fait partie des grands exemples de la vie politique française. C'est pour moi un exemple d'abord par sa liberté", a dit à la presse le ministre français en marge d'un débat aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence.

"Je suis d'une autre génération. Prendre quelqu'un en exemple, ce n'est pas vouloir lui ressembler en tous points (...). La France d'aujourd'hui n'est pas celle des années 70, les défis ne sont pas les mêmes", a ajouté Emmanuel Macron au lendemain de la mort, à 85 ans, du représentant de la "deuxième gauche".

"C'était un homme libre qui ne s'est jamais laissé emprisonner par les jeux d'appareil" pour "tenir cet équilibre exigeant entre la pensée et l'action qui a fondé son travail". "Et puis il aimait le temps long. Il a mené des combats au-delà des vicissitudes du moment", a souligné le ministre.

Selon lui, "c'était à la fois un homme de conviction et un homme d'Etat avec un formidable enthousiasme". "Il a parfois raté des combats, parfois été injustement traité. Notre vie politique a été très injuste avec lui, mais rien ne l'a vraiment arrêté", a estimé Emmanuel Macron.

L'ex-secrétaire général adjoint de l'Elysée avait déjà revendiqué l'héritage de Michel Rocard, lequel l'avait adoubé, tout en lui réservant des commentaires contrastés dans une interview accordée à l'hebdomadaire Le Point au mois de juin.

"(Manuel Valls et Emmanuel Macron) n'ont pas eu la chance de connaître le socialisme des origines, qui avait une dimension internationale et portait un modèle de société (...) Le pauvre Macron est ignorant de tout cela", avait-il jugé.

"La conscience de porter une histoire collective a disparu, or elle était notre ciment. Macron comme Valls ont été formés dans un parti amputé. Ils sont loin de l'Histoire", avait également dit l'ancien patron du PS.

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(Jean-François Rosnoblet, édité par Simon Carraud)