* Les pouvoirs publics campent sur leur position

* De nombreux manifestants pourraient braver l'interdiction

* Les organisateurs dénoncent l'attitude du gouvernement

PARIS, 26 juillet (Reuters) - Les organisateurs d'une manifestation pro-palestinienne prévue samedi à Paris mais interdite, veulent transformer ce défilé en rassemblement statique pour marquer leur opposition à l'intervention militaire d'Israël dans la bande de Gaza.

Ils en ont demandé l'autorisation à la préfecture de police de Paris, qui ne leur avait pas encore répondu en milieu de matinée, ont déclaré à Reuters deux de leurs porte-parole.

"Les associations, syndicats et organisations politiques dont une partie sont membres du collectif national pour une paix juste et durable entre palestiniens et israéliens (...) ont demandé un rassemblement en lieu et place de la manifestation" place de la République à 15h00, a ainsi dit Tarek Ben Hiba.

Ce conseiller régional d'Ile-de-France est également président d'une des associations organisatrices.

Youssef Boussoumah, du Parti des indigènes de la République, a précisé à Reuters que la demande avait été transmise vendredi soir à la préfecture de police, après le rejet de leur recours contre l'interdiction par le tribunal administratif de Paris.

Le tribunal administratif a jugé la démarche trop tardive et estimé que les organisateurs n'avaient pas donné de garanties suffisantes en matière de service d'ordre, a-t-il ajouté.

Les organisateurs ont aussi déposé, sans illusion sur l'issue de leur démarche, un recours auprès du Conseil d'Etat.

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a justifié vendredi l'interdiction par le fait qu'il s'agissait des mêmes organisateurs que pour le rassemblement du 19 juillet, qui avait été interdit mais s'est cependant tenu, à Barbès, dans le XVIIIe arrondissement, et a donné lieu à des débordements.

VALLS APPELLE À L'APAISEMENT

Il a également estimé que le trajet prévu, entre les places de la République et de la Nation en passant par le cimetière du Père Lachaise, était "un trajet à haut risque", ce que contestent les organisateurs. (voir )

Le gouvernement a invoqué des actes et propos antisémites "inacceptables" lors des débordements de Barbès et de Sarcelles (Val-d'Oise) lors d'une autre manifestation interdite, dimanche.

Le Premier ministre a lancé vendredi soir un appel à l'apaisement, lors de la rupture du jeûne du Ramadan à laquelle il a participé à la mosquée d'Evry-Courcouronnes (Essonne) dans un climat tendu. (voir )

"Face aux horreurs de la guerre, des opinions, des indignations s'expriment, c'est légitime", a-t-il dit. "Mais rien ne pourra jamais justifier les débordements, la violence, la haine de l'autre."

"Pour nous qui sommes ici, en France, une seule exigence doit nous guider, celle de l'apaisement", a-t-il insisté.

Les organisateurs dénoncent pour leur part, dans cette interdiction, une décision politique.

Pour l'ancien porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA, trotskiste), Olivier Besancenot, est de nature à alimenter les tensions. Il rend par avance responsable le gouvernement d'éventuels nouveaux débordements.

RÉUNION DIPLOMATIQUE

"Je crois que la volonté du gouvernement est d'associer aux manifestations de solidarité avec le peuple palestinien l'idée de violence", a-t-il dit à Reuters. "C'est une volonté de chercher à faire s'essouffler un mouvement extrêmement fort."

Le NPA a appelé "l'ensemble des forces démocratiques, politiques, syndicales et associatives" à braver l'interdiction et à converger vers la Place de la République.

Prié de dire s'il craignait des incidents, Olivier Besancenot a déclaré à Reuters : "Ça dépend uniquement du dispositif que la préfecture de Paris entend adopter en termes de présence et d'attitude policières."

Tarek Ben Hiba prédit qu'il "y aura du monde" et espère qu'il n'y "aura pas de problème".

"Le but du jeu n'est pas d'attaquer les juifs, c'est de dénoncer la politique d'un gouvernement", a-t-il déclaré.

Les chefs de la diplomatie de France, des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, d'Allemagne, d'Italie, de l'Union européenne, de Turquie et du Qatar se sont retrouvés samedi à Paris pour tenter de trouver une solution à la crise de Gaza.

L'intervention israélienne, en riposte à des tirs de roquettes, a fait à ce jour 940 morts côté palestinien, selon les autorités médicales de Gaza, tandis que 37 soldats israéliens ont été tués. (Emmanuel Jarry)