* Cambadélis veut une primaire avec tous les candidats de gauche

* Macron prédit un déchirement autour du bilan du quinquennat

* Montebourg prêt à un accord avec Mélenchon

PARIS, 4 décembre (Reuters) - Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon ont à nouveau exclu de participer à la primaire de la gauche en vue de la présidentielle, malgré les appels répétés du Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis.

Selon le Journal du Dimanche, le Premier ministre Manuel Valls devrait annoncer officiellement sa candidature à cette primaire ce lundi ou au plus tard mardi matin et quitter l'hôtel Matignon dans la foulée.

D'autres anciens ministres de François Hollande, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, sont déjà sur les rangs pour cette primaire prévue en janvier.

Invité du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, Jean-Christophe Cambadélis s'est à nouveau adressé à l'ancien ministre de l'Economie, insistant sur la nécessité pour la gauche de surmonter ses divisions pour conserver des chances.

"Emmanuel Macron a toujours été désigné, il n'a jamais été élu, donc il a un peu peur de ce type de sélection", a-t-il dit. "J'ai envie de dire 'Emmanuel, n'aie pas peur, on ne peut pas devenir président sans débat et sans combat'", a-t-il ajouté.

Pour le Premier secrétaire du PS, "c'est essentiel que la primaire rassemble la totalité des candidats de gauche (...) de façon à ce qu'il y en ait qu'un si l'on veut être au deuxième tour de la présidentielle."

Dans une interview au Journal du Dimanche, Emmanuel Macron lui répond que, quand bien même la primaire se passerait bien, la gauche actuelle ne parviendra pas à se qualifier pour le second tour de la présidentielle.

"Vont probablement s'opposer un futur ex-Premier ministre (Manuel Valls-NDLR) et des ministres qu'il a exclus du gouvernement parce qu'ils ne partageaient pas sa vision", dit-il.

"Et on veut nous faire croire que la primaire leur permettrait demain, si l'un d'entre eux devenait président de la République, de gouverner ensemble pendant cinq ans? Soyons sérieux, cette primaire va juste scénariser un déchirement autour du bilan du quinquennat."

"AU MOINS UN CANDIDAT DE TROP"

Pour Emmanuel Macron comme pour Jean-Luc Mélenchon, cette primaire est de fait celle du Pari socialiste.

"Ils ont le droit de le faire", a déclaré sur FR3 le candidat de la France insoumise.

Mais "le parti radical de gauche a son candidat à l'extérieur, le parti Europe Ecologie-Les Verts a son candidat à l'extérieur (...) Pourquoi vient-on me demander à moi de rallier cette primaire? Personne ne peut croire un instant que je vais y aller", a ajouté Jean-Luc Mélenchon.

Arnaud Montebourg, qui s'exprimait lors de l'émission Questions politiques France Inter-Le Monde, a prêché aussi l'unité à gauche, estimant qu"'il n'y a aucun candidat de gauche en mesure de l'emporter (à la présidentielle) car il y en a au moins un de trop".

Pour ces raisons, le vainqueur de la primaire devra selon lui s'entendre avec Jean-Luc Mélenchon et Arnaud Montebourg s'est déclaré prêt pour cela à lui proposer un "accord de gouvernement".

Arnaud Montebourg a indiqué aussi qu'il pourrait faire alliance avec Christiane Taubira, avec laquelle il dit avoir des "liens affectifs et de proximité", au moment où une pétition en ligne appelle l'ancienne ministre de la Justice à se présenter à la primaire.

"Je lui ai dit que si elle souhaitait se présenter, nous pourrions avoir une discussion importante et constructive", a déclaré l'ancien ministre du Redressement.

Prié de dire si cela signifiait qu'elle devrait se ranger derrière lui ou que, au contraire, il pourrait s'effacer derrière Christine Taubira, il a répondu : "Ce pourrait être l'un ou l'autre".

(Yann Le Guernigou, édité par Eric Faye)