* L'eurodéputé privé de la stratégie et de la communication

* Le Pen et son ex-homme de confiance au bord de la rupture

* "Retour en arrière absolument terrifiant", selon Philippot (Actualisé avec réponse de Florian Philippot)

PARIS, 20 septembre (Reuters) - Marine Le Pen a sanctionné mercredi Florian Philippot, accusé d'entretenir des velléités d'indépendance, en lui retirant l'élaboration de la stratégie et de la communication du Front national, a annoncé le parti.

La députée du Pas-de-Calais, qui avait plusieurs fois sommé son ex-homme de confiance de renoncer à diriger sa propre association, l'a cependant maintenu au poste de vice-président de la formation d'extrême droite.

Florian Philippot refuse d'abandonner la présidence des Patriotes, association qu'il a fondée au mois de mai, en pleine campagne des législatives.

"Florian Philippot, sollicité par mes soins, n'a pas répondu à la demande de mettre un terme au conflit d'intérêts résultant de sa double responsabilité", dit un communiqué du FN. "J’ai pris la décision de lui retirer sa délégation à la stratégie et à la communication."

L'ex-candidate à la présidentielle précise que la vice-présidence sera, "à compter de ce jour, sans délégation".

Dans un parti en crise depuis l'échec au second tour de la présidentielle et traversé par des débats acerbes sur la ligne politique à suivre, le cas Philippot a pris ces derniers jours les allures d'un psychodrame.

Dans une interview publiée vendredi dernier par Le Parisien, Marine Le Pen l'avait invité à "clarifier" sa situation avant de lui demander explicitement lundi, lors d'un bureau politique, de démissionner de la présidence des Patriotes, sans quoi elle prendrait ses "responsabilités".

"JE LE REGRETTERAIS AMÈREMENT"

Ces demandes réitérées et les fin de non-recevoir qui ont suivi ont placé les deux dirigeants au bord de la rupture et alimenté le scénario d'une scission au FN.

"Je n'ai pas l'intention de quitter Les Patriotes, ni de renoncer à mes convictions, mes idéaux. Si on veut me démettre, (...) alors il faudra le faire", a encore dit Florian Philippot mercredi sur CNEWS, peu avant l'annonce de sa sanction.

"Je le regretterais amèrement mais il faudra le faire", a ajouté l'eurodéputé.

Selon lui, cette crise est en réalité un "prétexte" car, a-t-il ajouté, "le Front national est en train de changer de ligne et de faire un retour en arrière absolument terrifiant, qui affole des milliers de personnes".

Conseiller occulte de Marine Le Pen à partir de 2009 et vice-président depuis 2012, l'énarque est un partisan de la "dédiabolisation" et d'une ligne davantage portée sur un souverainisme anti-Union européenne que sur le discours anti-immigration et identitaire.

Sur Twitter, le trésorier frontiste Wallerand de Saint Just a jugé incompréhensible le refus de Florian Philippot de rentrer dans le rang.

Pour se défendre, le député européen a pris lors de ses interviews l'exemple de Louis Aliot, compagnon de Marine Le Pen et également vice-président du FN, qui dirigeait son propre cercle de réflexion, Idées-nations.

Louis Aliot a annoncé mercredi sur Twitter qu'il renonçait à la présidence de ce club "dans un souci d'apaisement et pour mettre fin à un faux procès".

"Florian doit prendre la même décision que Louis : apaisement, rassemblement derrière Marine et débat serein pour un Nouveau front", a par la suite écrit le maire de Fréjus, David Rachline, également sur Twitter.

Marine Le Pen avait annoncé au soir du second tour de la présidentielle une "renfondation" du FN, qui pourrait se traduire par un changement de nom et de siège et doit s'achever par un congrès au mois de mars 2018. (Sophie Louet et Simon Carraud, édité par Gilles Trequesser)