* L'UMP-UDI emporterait 2/3 des départements

* La majorité subit une défaite "incontestable"

* Pas de département pour le FN, mais des élus (Actualisé avec résultats, réactions)

PARIS, 29 mars (Reuters) - L'UMP et les centristes de l'UDI ont remporté dimanche une victoire écrasante sur le PS et ses alliés au second tour des départementales, privant la gauche de sa suprématie territoriale avec la conquête d'au moins deux tiers des départements.

Le Front national, qui ambitionne de renforcer son maillage territorial en vue de la présidentielle de 2017, n'a pas réussi à transformer l'essai de son succès en nombre de voix du premier tour (25%) : le Vaucluse, en lequel il fondait ses espoirs, lui échappe, ainsi que l'Aisne, conquise par l'UMP.

Selon des résultats quasiment définitifs donnés dimanche soir par le ministère de l'Intérieur, le FN aura 62 élus départementaux sur un total de 4.108 conseillers.

Marine Le Pen s'est félicitée d'"une étape cruciale (...) sur le chemin du pouvoir".

L'extrême droite, avec huit élus (quatre pour le FN, quatre pour la Ligue du Sud), est en position d'arbitrer jeudi le "troisième tour", l'élection du président du conseil départemental, dans le Vaucluse où gauche et droite sont à égalité avec 12 conseillers.

"Si l'une des candidatures demande les voix du FN, nous ferons une charte à laquelle ils devront adhérer pour bénéficier de nos voix", a dit la députée Marion Maréchal-Le Pen.

Nicolas Sarkozy a prévenu que tout élu UMP tenté de s'allier avec le FN serait exclu du parti.

Un Français sur deux est allé voter dimanche, une participation en légère baisse par rapport au premier tour.

Le vote-sanction redouté par la gauche au pouvoir est advenu : Nicolas Sarkozy, qui peut se prévaloir d'un succès politique et tactique sur la route de "l'alternance" pour 2017, a voulu prendre acte d'"un désaveu (...) sans appel" envers le "socialisme le plus archaïque d'Europe".

Trois pertes symboliques : la Corrèze, département que dirigea François Hollande de 2008 à 2012, bascule à droite, ainsi que l'Essonne, bastion électoral de Manuel Valls, et les Deux-Sèvres, fief de Ségolène Royal.

Manuel Valls, qui a concédé une défaite "incontestable" d'une gauche divisée, a assuré avoir entendu les "attentes", "exigences", la "colère" et la "fatigue" des Français "face à une vie quotidienne trop difficile".

"J'ai entendu ce message, leur exigence de résultats, mon gouvernement continuera d'y répondre sans relâche", a affirmé le Premier ministre en annonçant pour "les prochains jours" de nouvelles mesures en faveur de l'investissement privé et public.

Mais l'entourage de François Hollande a fait savoir dimanche soir qu'il n'y aurait pas de changement de cap.

SARKOZY TRIOMPHE

La nouvelle carte de France des départements confirme la percée de la droite, qui était arrivée en tête au premier tour.

Selon CSA, l'UMP-UDI-UC-MoDem remporterait 68 à 69 des 98 départements en jeu, la gauche 29 à 30. Ipsos-Sopra Steria évoque quant à lui 65 à 68 départements pour la droite, 32 à 35 pour la gauche.

La gauche contrôlait 61 départements des 102 départements, contre 41 à la droite avant l'élection.

Les Bouches-du-Rhône, La Réunion, Mayotte, l'Ain, le Cher, l'Eure, le Jura, la Seine-et-Marne, le Doubs, la Creuse, l'Isère, la Drôme, la Somme, la Saône-et-Loire, le Territoire de Belfort, l'Oise, la Creuse, l'Allier (perdu par le Parti communiste qui garde le Val-de-Marne), les Pyrénées-Atlantiques, notamment, sont conquis par la droite. Seule la Lozère passe à gauche.

"Jamais sous la Ve République, notre famille politique n'avait gagné autant de départements", s'est réjoui Nicolas Sarkozy. "C'est le mensonge et le déni, c'est l'impuissance qui ont été sanctionnés", a-t-il ajouté, ouvrant sans ambiguïté la pré-campagne pour la primaire de 2016 à droite.

"La victoire de ce soir revient à tous ceux qui ont fait le choix du collectif", a-t-il lancé, à l'attention notamment de ses principaux rivaux (Alain Juppé, François Fillon...) que tenterait un cavalier seul.

LES "FRONDEURS" INTERPELLENT VALLS

L'ancien chef de l'Etat a annoncé que l'UMP, dont le congrès refondateur aura lieu le 30 mai à Paris, hâterait la rédaction de son projet d'alternance. "Une nouvelle étape s'ouvre, l'espoir renaît pour la France", a-t-il dit.

Soucieux de ne pas se laisser distancer, François Fillon a réagi peu après sa déclaration en insistant sur la nécessité d'un projet d'alternance "radical, de rupture" en ligne avec ses propositions économiques "thatchériennes" qu'il oppose notamment au réformisme "prudent" d'Alain Juppé.

Le maire de Bordeaux a lui aussi pris date en saluant tout à la fois "la victoire de l'unité", mais aussi de "la stratégie d'alliance de l'UMP, de l'UDI et du Modem" qu'il revendique en dépit de l'animosité de Nicolas Sarkozy envers François Bayrou.

François Hollande et Manuel Valls, qui espéraient limiter l'hémorragie, sont désormais sous la pression des "frondeurs" qui ont publié sans attendre dimanche soir un communiqué commun en faveur d'"un contrat de rassemblement".

"Sans changements sincères dans les politiques, sans renouvellement de la pratique du pouvoir, la dispersion de la gauche sera irréversible", écrivent-ils.

Martine Aubry, dont le département, le Nord, est perdu, a déploré pour sa part un "vote de protestation par rapport à la politique nationale" qui "mérite une analyse".

Le chef de l'Etat avait prévenu dès avant le 22 mars qu'il n'infléchirait pas la ligne politique, quel que soit le résultat, et qu'il maintiendrait Manuel Valls, bête noire de "la gauche de la gauche", à Matignon. (Sophie Louet avec Service France, édité par Yves Clarisse)