MARSEILLE, 4 février (Reuters) - L'un des anciens candidats à la reprise de la SNCM, Ferry de France, a saisi le 29 janvier le tribunal de commerce de Marseille pour contester la fusion annoncée entre le repreneur désigné, le transporteur corse Patrick Rocca, et le consortium d'entreprises Corsica Maritima, a-t-on appris jeudi.

Ferry de France, porté par l'armateur marseillais Christian Garin et par Alexander Panagopoulos, président d'Arista Group, estime dans un communiqué que cette "fusion-acquisition soulève de nombreuses questions économiques et juridiques" qui, selon les deux dirigeants, "ne peuvent rester sans réponse".

"Ce projet d'entente découvert par voie de presse nous laisse craindre un détournement de procédure qui devrait être sanctionné", déclare Alexander Panagopoulos.

Ferry de France marque aussi sa volonté de "faire clarifier la situation juridique de cette affaire" auprès des services de la Commission européenne et de l'Autorité de la concurrence.

Le tribunal de commerce avait en novembre dernier retenu l'offre de reprise de la SNCM présentée par le transporteur corse Patrick Rocca, qui prévoit le maintien de 900 salariés sur les 1.500 CDI de l'ex-compagnie maritime.

Il l'avait préférée aux offres des trois autres candidats en lice pour la reprise de l'entreprise placée en redressement judiciaire le 28 novembre 2014: l'armateur de droit mexicain Baja ferries, le corsortium d'entreprises Corsica Maritima et l'ancien président du port de Marseille, Christian Garin, associé à la société de transport maritime grecque Arista.

L'ex-SNCM devenue Maritima Ferries (MCM) et le consortium d'entreprises Corsica Maritima ont depuis annoncé un projet de fusion, un mois à peine après le lancement par le transporteur corse Patrick Rocca de la nouvelle compagnie.

"Ce rapprochement est envisagé afin de répondre à deux enjeux majeurs : assurer la pérennité de la compagnie et des 900 emplois sauvés; dans un contexte de baisse des subventions publiques, répondre aux aspirations de la collectivité territoriale de Corse qui a lancé la réflexion sur l'avenir des dessertes maritimes entre la Corse et le continent", ont expliqué fin janvier les deux parties dans un communiqué.

La fusion projetée, qui doit être validée par le tribunal de commerce de Marseille, "permettrait aux principaux acteurs économiques corses d'assurer les liaisons maritimes entre la Corse et le continent, ainsi que les liaisons vers l'Algérie et la Tunisie", ont-elles précisé. (Jean-François Rosnoblet, édité par Sophie Louet)