* Philippe Martinez fait figure de modéré

* Réponse du parlement de la CGT mardi

PARIS, 29 janvier (Reuters) - La commission exécutive (CE) de la CGT a approuvé jeudi une proposition de bureau confédéral qui fait une large place aux partisans d'une ligne radicale et doit encore être entérinée mardi par le "parlement" de cette organisation syndicale.

Sur les neuf noms proposés par Philippe Martinez, pressenti pour remplacer le secrétaire général démissionnaire Thierry Lepaon, cinq viennent de ce canal historique proche du Parti communiste ou de l'extrême gauche, décrypte un membre de la CE.

"Ce sont des gens qui défendent l'idée qu'il faut conjuguer toutes les forces et appeler systématiquement à toutes les manifs avec le Front de gauche pour lutter contre la politique actuelle", explique-t-il à Reuters.

Il s'agit, précise ce dirigeant de fédération, de Gisèle Vidallet, Céline Verzeletti, Pascal Joly, Fabrice Angeli et, dans une moindre mesure, de Denis Lalys, les uns et les autres issus d'organisations du secteur public.

"Tout ces gens-là réclamaient la démission de Thierry Lepaon qui était beaucoup trop réformiste à leurs yeux", ajoute-t-il.

A côté d'eux, Philippe Martinez, le dixième nom de la liste, qui a pourtant aussi la réputation d'être proche du PC et de la CGT "canal historique", fait figure de modéré.

Les quatre derniers membres pressentis du bureau confédéral sont réputés proches de la ligne que défendait le prédécesseur de Thierry Lepaon, Bernard Thibault, qui a tenté de faire de la CGT un acteur clef des négociations sociales, ou du secrétaire général démissionnaire.

DURÉE DE VIE LIMITÉE

C'est notamment le cas de Colette Duynslaeger, proposée aux fonctions d'administratrice-trésorière et dont la présence dans cette liste pourrait être l'une des plus sujettes à débat.

Selon le décompte officiel, la CE a approuvé la proposition de Philippe Martinez par 27 voix pour, six contre et neuf abstentions, une majorité un peu plus nette que lors de la précédente tentative mais avec moins de participants.

Le 12 janvier, la liste de dix membres élaborée par Thierry Lepaon, à la tête de laquelle figurait déjà Philippe Martinez, avait passé de justesse ce premier test, certes avec 28 voix pour -- une de plus -- mais 18 contre et six abstentions.

Le lendemain, le comité confédéral national (CCN) de la CGT avait rejeté cette proposition tout en chargeant Philippe Martinez d'en faire une autre, le confirmant ainsi dans son statut de candidat au poste de numéro un.

Le dernier mot reviendra encore au CCN, mardi prochain. Mais pour plusieurs dirigeants de la CGT interrogés par Reuters, cette fois, le vote du "parlement" de la CGT pourrait n'être qu'une simple formalité.

"Tout le monde a envie de s'en sortir, donc c'est forcément la bonne, quels que soient les noms ou les crispations sur tel ou tel nom", prédit ainsi un dirigeant de fédération.

Reste à savoir si cet attelage, où le secteur public, notamment les fonctionnaires, sont surreprésentés, parviendra à fonctionner et à stabiliser une organisation traumatisée par la crise déclenchée par les fuites, orchestrées de l'intérieur, sur la rénovation du domicile et du bureau de Thierry Lepaon.

Sa durée de vie devrait être réduite : sa principal tâche sera de préparer le congrès du printemps 2016 qui rebattra les cartes au sein de la première organisation syndicale française. (Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)