Paris (awp/afp) - De mois en mois, le secteur du logement neuf renoue avec la croissance en France, grâce à la combinaison de taux de crédit immobiliers très bas, d'aides publiques plus favorables et d'une conjoncture qui montre des signes d'amélioration.

Selon le ministère du Logement, les mises en chantier de logements neufs ont progressé de 1,7% sur la période allant de février à avril, à 84.000 comparé à un an plus tôt, tandis que les permis de construire bondissaient de 10% en un an à 97.700 au cours des mêmes trois mois.

"Le secteur de la construction, qui avait été un frein à la croissance en 2013, 2014 et même encore 2015, sera cette année un facteur de soutien à l'économie française. Nous nous attendons à voir le secteur reprendre des couleurs en 2016", commente auprès de l'AFP Sophie Tahiri, économiste de Standard and Poor's.

"Le contexte économique s'améliore, le PIB a progressé de 0,6% au premier trimestre, le chômage baisse légèrement, la confiance des ménages est au plus haut depuis 2007, ce qui est important pour les achats conséquents", égrène-t-elle.

"Aussi, les taux de crédit immobiliers demeurent bas grâce à la politique très accommodante de la BCE, et les dispositifs publics sont mieux calibrés, avec un accès au PTZ élargi et la prolongation du Pinel", souligne l'économiste.

La construction de logements neufs bénéficie en effet, depuis le 1er janvier, d'une distribution plus large par l'Etat, du Prêt à taux zéro (PTZ) qui permet à un plus grand nombre d'acquéreurs de boucler leur emprunt immobilier.

Elle est aussi soutenue par le dispositif fiscal "Pinel" prolongé jusqu'à la fin 2017 et assoupli, avec la possibilité de louer le logement acquis à ses ascendants ou descendants, sur une durée d'engagement modulée (6, 9 ou 12 ans).

Durant la période de douze mois achevée fin avril, les mises en chantier s'inscrivent en territoire positif, avec une hausse de 3,8%, pour s'établir à 352.900.

Quant aux permis de construire, ils progressent davantage, de 7,4% sur les mêmes 12 mois à 396.500.

- "Marché pas encore assaini" -

Par régions, c'est en Ile-de-France que la construction de logements neufs est repartie le plus fort, avec des logements commencés en hausse de 25,8% sur les 12 mois achevés à fin avril, à 67.300 unités. Suivent la Corse (+24,9% à 3.800), les Pays de la Loire (+9% à 22.800) et la Bretagne (+8,8% à 19.400).

En revanche d'autres régions affichent des mises en chantiers en recul, telles le Nord-Pas-de-Calais-Picardie (-13,7%), l'Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine (-8,3%) et la Normandie (-6%).

En ce qui concerne les permis de construire, hormis la Corse (+117%), les régions les plus dynamiques sur les douze derniers mois sont la Bretagne (+25,5%), l'Ile-de-France (+21%) et Provence-Alpes-Côte d'Azur (+15,5%).

En revanche, les régions Nord-Pas-de-Calais-Picardie (-8,2%), Centre-Val de Loire (-7,8%) et Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine (-7%) sont en repli sur un an.

"Il y a une légère amélioration conjoncturelle, mais pour nous, fondamentalement, le marché ne s'est toujours pas assaini, les prix ne se sont pas ajustés à la baisse", observe l'économiste de Standard and Poor's.

Ainsi, les prix n'ont-ils cédé que 7% depuis 2011, alors qu'ils avaient presque doublé depuis le début des années 2000 en termes réels (corrigés de l'inflation), fait-elle valoir.

"Ils restent toujours pénalisants pour les ménages primo-accédants, dont la part ne cesse de reculer parmi les accédants à la propriété", constate Mme Tahiri.

Ainsi, il demeure un "déséquilibre entre l'offre et la demande, qui reste importante en France, soutenue par la croissance démographique et un contexte de rendements faibles qui pousse les investisseurs à privilégier les placements dans la pierre", note l'économiste.

afp/al