Paris (awp/afp) - Après la mauvaise surprise d'août, les chiffres de septembre de Pôle emploi seront scrutés mardi: car l'échéance se rapproche pour François Hollande qui annoncera en décembre sa décision de briguer ou pas un nouveau mandat, qu'il a conditionnée à une inversion de la courbe du chômage.

La forte hausse des personnes inscrites à Pôle emploi en août avait fait l'effet d'une douche froide: +50.200 demandeurs d'emploi sans activité et un total de 3,56 millions de chômeurs en métropole. Une flambée jamais vue depuis janvier 2013, survenue après un mois encourageant.

En cause, selon le gouvernement, les attentats de juillet qui ont affecté le secteur du tourisme, ainsi qu'un aléa statistique lié aux défauts d'actualisation à Pôle emploi, inhabituellement bas.

Le chômage reste malgré tout en baisse en France depuis le début de l'année (-23.700 sans activité) et sur un an (-10.900), et le gouvernement espère "retrouver une tendance normale" dans les mois qui viennent.

En septembre, les statistiques de Pôle emploi devront repartir nettement à la baisse pour effacer cette mauvaise séquence considérée comme "atypique", et confirmer que la légère amélioration, liée à une reprise des créations d'emplois (+121.300 sur un an), est là.

L'enjeu est crucial pour François Hollande, qui dès le début de son quinquennat a fait d'une baisse "durable" du chômage une condition à une nouvelle candidature. Or il ne reste plus que deux livraisons mensuelles de l'indicateur de Pôle emploi avant décembre, fenêtre que le chef de l'État a lui-même désignée pour dire s'il sollicite ou non un second mandat.

"Mon devoir, avec le gouvernement de Manuel Valls, est d'avancer et d'agir sans relâche pour les Français et notamment pour faire baisser le chômage", expliquait-il dimanche dernier dans une interview aux journaux du groupe Ebra.

- "Hollande est coincé" -

Mais les Français ne croient plus que la courbe puisse durablement s'inverser dans les mois qui viennent. "Si ça baisse en septembre, ce qui va probablement arriver compte tenu d'un effet miroir, les gens vont dire +comme par hasard+", analyse Mathieu Plane de l'OFCE, pour qui "Hollande est coincé".

Ses "résultats" sur le chômage sont par ailleurs guettés au tournant par les candidats à la primaire de droite, en pleine campagne, et dont certains comme Alain Juppé promettent un retour au "plein emploi".

L'ancien ministre du Travail François Rebsamen a reconnu que l'engagement répété du président de la République de conditionner sa candidature à une baisse du chômage avait été une "erreur collective", celle d'avoir considéré que "cela irait plus vite".

La courbe, pourtant, "s'est effectivement inversée" et "on le verra clairement à la fin de l'année", assure l'ex-ministre.

Selon les analystes, le chômage partant d'un niveau historiquement élevé, il faudrait plus de deux mois consécutifs pour qu'une embellie soit clairement ressentie dans l'opinion.

La forte volatilité des chiffres mensuels de Pôle emploi complique le débat. Un récent rapport a jugé ce thermomètre pas assez pertinent, et suggéré que l'Insee publie mensuellement ses propres statistiques et non plus tous les trois mois.

Beaucoup moins commenté, ce second indicateur du chômage, le seul reconnu au niveau international, est établi sur la base d'une enquête trimestrielle et considéré comme plus fiable.

L'Insee, qui recense 2,8 millions de chômeurs en France, prévoit que le chômage devrait continuer à "baisser modérément" jusqu'à la fin de l'année pour atteindre 9,5% de la population active en métropole.

Les chiffres Insee sont aussi jugés plus révélateurs car ils mesurent le "halo du chômage", ce 1,5 million de personnes souhaitant travailler mais pas comptabilisées comme chômeurs.

Ce halo a augmenté, de même que le sous-emploi (temps partiel subi), et la dualité du marché du travail entre l'emploi en CDI et les contrats courts ne cesse de s'accentuer depuis dix ans, au détriment des plus précaires, selon une étude de France Stratégie.

afp/rp