Paris (awp/afp) - Les exportations françaises devraient traverser un léger "trou d'air" en 2016, en raison notamment de la dépréciation des devises émergentes, avant de rebondir en 2017, selon le "baromètre export" publié mardi par Euler Hermes.

En 2016, le "gain à l'export" des entreprises françaises, c'est-à-dire leurs exportations supplémentaires, devrait atteindre 10 milliards d'euros, soit trois fois moins qu'en 2015 (27 milliards d'euros), indiquent les auteurs de cette étude réalisée tous les deux ans par l'assureur crédit.

En cause: la baisse du cours du pétrole, qui a été en partie répercutée par les entreprises françaises sur leurs prix de vente à l'export, mais aussi la dépréciation des devises émergentes observée depuis le début de l'année.

"On a un effet prix qui n'est pas favorable", a résumé lors d'un point de presse Ludovic Subran, chef économiste d'Euler Hermes, évoquant une "dégradation assez marquée" des prix pratiqués à l'export par les firmes françaises depuis mi-2015.

Ce "trou d'air" sera toutefois de courte durée puisque le gain à l'export devrait atteindre 34 milliards d'euros en 2017, soit "un rythme plus conforme avec le potentiel des entreprises françaises", selon les auteurs de l'étude.

Les exportations bénéficieront alors d'un commerce mondial en hausse (+3,4% en volume) mais aussi d'"effets prix" qui joueront plus favorablement, avec la fin du "choc pétrole" et une probable appréciation du dollar.

Le surplus de demande, d'après Euler Hermes, proviendra majoritairement des pays de la zone euro, notamment d'Allemagne (+6,1 milliards), du Royaume-Uni (+6,1 milliard), et d'Espagne (+3,6 milliards), les Etats-Unis (+1,8 milliard) et la Chine (+1,2 milliard) n'arrivant qu'en 7ème et 10ème position.

Les secteurs qui bénéficieront le plus de cette nouvelle demande seront les biens d'équipement et les machines (+10,6 milliards), la chimie (+5,9 milliards) et l'agroalimentaire (5,8 milliards).

Dans son baromètre, Euler Hermes constate par ailleurs un léger recul du nombre d'entreprises désireuses d'augmenter leur chiffre d'affaires à l'export, à 79% en 2016 contre 83% en 2014, les intentions fermes se maintenant néanmoins à 49%.

"Ce léger recul est imputable à l'incertitude qui pèse à l'échelle internationale", souligne l'étude, qui évoque la "faible croissance économique mondiale", le "rebond des défaillances d'entreprises" au niveau mondial et la "volatilité des changes".

Pour Ludovic Subran, une autre forme d'internationalisation se profile toutefois, un nombre croissant d'entreprises françaises préférant investir dans des actifs à l'étranger plutôt qu'exporter des biens ou services.

"Il y a aujourd'hui un alignement d'étoiles" favorable à ce type d'investissement, avec notamment des "cibles peu chères" pour les entreprises en recherche d'acquisitions, et des taux d'emprunt "très faibles", souligne l'économiste.

afp/rp