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SINGAPOUR, 29 mars (Reuters) - Des dizaines de milliers de personnes ont bravé une pluie battante, dimanche, pour assister dans les rues de Singapour au passage du cortège funèbre du premier chef de gouvernement de la cité-Etat, Lee Kuan Yew, décédé lundi dernier à l'âge de 91 ans.

Une salve de 21 coups de canon a retenti dans le quartier des affaires, des avions de chasse ont survolé la ville et deux bâtiments de la marine ont fait le signal "L" "K" "Y" avec leurs pavillons, alors que le cercueil de Lee Kuan Yew quittait le parlement pour des funérailles d'Etat.

Le cortège funèbre a traversé Tanjong Pagar, circonscription qu'il a représentée pendant 60 ans, avant de gagner l'Université nationale de Singapour où a eu lieu une cérémonie en présence de 2.200 invités, dont nombre de dignitaires étrangers.

Le Premier ministre Lee Hsien Loong (fils aîné de Lee Kuan Yew), le président Tony Tan et plusieurs anciens ministres et dirigeants de communautés ont prononcé des éloges funèbres. Lee Kuan Yew, qui est décédé à moins de cinq mois du cinquantenaire de l'indépendance de Singapour, devait être incinéré ensuite, lors d'une cérémonie privée.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe, le chef du gouvernement indien Narendra Modi, le vice-président chinois Li Yuanchao et le président indonésien Joko Widodo étaient au nombre des dignitaires de la région Asie-Pacifique présents à Singapour pour ces funérailles. Les Etats-Unis étaient représentés par l'ancien président Bill Clinton et par l'ancien secrétaire d'Etat Henry Kissinger, qui fut un proche ami de Lee. Quant à la Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale de Singapour, elle avait délégué William Hague, "leader" de la Chambre des communes.

INFLUENCE

L'Inde a décrété un jour de deuil officiel ce dimanche à la mémoire de Lee Kuan Yew et les drapeaux indiens ont été mis en berne pour la journée.

A Singapour, près de 500.000 personnes sont allées se recueillir sur la dépouille de Lee au siège du parlement ces quatre derniers jours; nombre d'entre elles ont dû attendre sous le soleil tropical pendant plusieurs heures, avant de pouvoir entrer. Plus d'un million de Singapouriens se sont rendus en outre dans des centres communautaires pour signer des registres de condoléances à travers le petit pays.

A la tête de la cité-Etat pendant plus de 30 ans, de 1959 à 1990, Lee Kuan Yew est considéré comme celui qui a transformé une colonie britannique reculée en un centre commercial et financier mondial.

Tout en étant crédité de la richesse de Singapour, il était également critiqué, dans son pays et à l'étranger, pour l'absence de libertés publiques dans la cité-Etat. La presse, les manifestations et l'opposition politique y sont strictement contrôlées.

Diplômé en droit de l'université de Cambridge, Lee Kuan Yew avait fait de Singapour un des pays les plus riches de la planète ramené au nombre d'habitants.

Lee Kuan Yew s'était retiré de la vie politique ces dernières années. Mais son influence était encore considérée comme importante au sein du gouvernement de Lee Hsien Loong. (Rujun Shen et Rachel Armstrong; Danielle Rouquié et Eric Faye pour le service français)