Londres (awp/afp) - L'inflation au Royaume-Uni a ralenti en février sous les 3%, apportant un peu d'air frais à des ménages britanniques dont le pouvoir d'achat a récemment souffert d'une hausse de prix nourrie par le Brexit.

L'Office des statistiques nationales (ONS) a annoncé mardi une inflation à 2,7% en février sur un an, après 3% le mois précédent, en raison de prix plus modérés dans l'alimentaire et les transports.

La hausse des prix, qui avait atteint un pic à 3,1% en novembre, n'avait pas été inférieure à 3% depuis le mois d'août 2017.

La poussée de l'inflation a été alimentée en 2017 par la faiblesse de la livre sur fond de négociations difficiles sur le Brexit. Or, la livre, dont la baisse a renchéri le prix des biens importés, a retrouvé de la vigueur récemment, permettant ainsi à l'inflation d'être moins importante.

"Une légère baisse des prix du carburant ainsi qu'une hausse moins forte des prix alimentaires que l'an dernier ont contribué à faire reculer l'inflation", commente Phil Gooding de l'ONS.

Il ajoute que "l'essentiel des hausses de prix de début 2017 dues à la dépréciation de la livre a commencé à s'estomper".

En février, les prix dans l'alimentaire ont progressé de 3% sur un an soit bien moins que les 3,7% de janvier, grâce surtout au poisson et aux légumes.

De même, l'inflation dans les transports a ralenti à 2,8%, contre 3,4% en janvier, alors que les cours du pétrole ont eu tendance à être moins soutenus en début d'année, permettant aux carburants d'être meilleur marché.

En revanche, les prix ont accéléré dans l'habillement et les biens pour la maison, mais pas suffisamment pour contrecarrer la tendance générale.

Le coup de frein de l'inflation est le bienvenu pour le pouvoir d'achat des Britanniques qui a été comprimé ces derniers mois par l'accélération de la hausse des prix.

- L'inflation sous 2% ? -

"Le léger repli de l'inflation est une bonne nouvelle pour les ménages britanniques, signifiant que l'écart entre les salaires et l'inflation se réduit, même marginalement", souligne Dennis de Jong, analyste chez UFX.com.

La hausse des salaires s'était établie à 2,5% à fin décembre sur un an, un niveau désormais à peine inférieur à l'inflation.

Et selon les économistes, l'inflation devrait poursuivre sa décrue dans les prochains mois.

Chris Williamson, économiste chez IHS Markit, voit la hausse des prix "passer sous 2% dans les deux prochaines années alors que l'impact de la faiblesse de la livre depuis le référendum sur l'UE s'amoindrit".

Des ménages encouragés à dépenser davantage représenteraient en outre un coup de pouce notable pour la croissance, dont la consommation a été le principal moteur ces dernières années.

Les prévisions officielles sont toutefois prudentes pour l'heure, prévoyant une activité morose dans les années à venir, sur fond de faible productivité et d'incertitudes autour des futures relations entre le Royaume-Uni et l'UE.

Ce ralentissement de l'inflation britannique pourrait par ailleurs pousser la Banque d'Angleterre (BoE) à attendre un peu avant de poursuivre son resserrement monétaire.

Elle doit dévoiler jeudi les conclusions de sa réunion, après avoir ouvert la porte en février à une prochaine hausse des taux pour justement limiter l'inflation.

James Smith, économiste chez ING, estime toutefois que la BoE n'est pas à court d'argument pour relever ses taux dans les prochains mois, notamment parce que l'inflation est encore bien supérieure à son objectif de 2%.

En outre, les récents progrès sur le Brexit, avec un accord sur une période de transition, "renforce l'argument de la Banque sur un passage en douceur vers le monde post-Brexit", ce qui "rend une hausse de taux en mai de plus en plus probable", selon lui.

afp/rp