Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE) est prête à laisser la hausse des prix s'accélérer sur les années à venir mais il y a des limites à ce qu'elle pourra tolérer, a déclaré lundi le gouverneur de l'institution Mark Carney.

"Le CPM (Comité de politique monétaire de la BOE, NDLR) fait le choix d'une période d'inflation des prix à la consommation un peu plus élevée en échange d'une hausse plus modeste du chômage", a expliqué M. Carney lors d'un discours à l'Université John Moores de Liverpool.

"Pour le CPM, tenter de compenser intégralement l'impact direct de la dépréciation de la livre sur l'inflation avec un resserrement monétaire serait excessivement coûteux en terme de manque à produire et pour la croissance de l'emploi", a rappelé M. Carney.

En effet, la livre britannique a perdu plus de 10% de sa valeur face à l'euro et 15% face au dollar depuis la décision des Britanniques de quitter d'Union européenne (UE) en juin dernier.

Le mois dernier, la banque centrale britannique avaient revu à la hausse ses prévisions d'inflation pour 2017 et 2018.

"Par exemple, ramener l'inflation au niveau cible de 2% d'ici trois ans nécessiterait une hausse des taux d'intérêt de 100 points de base" sur cette période, ce qui ferait augmenter le nombre de personnes au chômage de 250'000 et entraînerait une baisse des salaires d'environ 4% par rapport au niveau attendu avant le référendum, a détaillé M. Carney.

Il a cependant rappelé que la trajectoire de l'inflation dépendait de "l'évolution des perspectives de la demande, de l'offre et du taux de change", la BoE se tenant ainsi prête à répondre sur le plan monétaire, dans la direction du resserrement ou de l'assouplissement, selon les besoins.

M. Carney a de plus réitéré que si l'économie et les foyers montraient des signes de résistance au choc du vote pour le Brexit, ses effets devraient se faire sentir lorsque les prix vont augmenter.

Le gouverneur a par ailleurs salué le fait que le récent point sur le budget du ministre britannique des Finances Philip Hammond avait "enclenché le processus de rééquilibrage de la politique budgétaire".

Semblant par ailleurs réagir aux derniers scrutins électoraux qui ont ébranlé le monde, M. Carney a averti des risques pesant sur le système économique mondial qui perd la confiance de la population.

"De nombreux citoyens des pays avancés perdent confiance dans le système, font face à une incertitude plus élevée et regrettent une perte de contrôle", a-t-il expliqué, évoquant "un effritement de la confiance du public en des marchés ouverts".

afp/rp