* Protestations contre l'interdiction d'une manifestation pro-palestinienne

* Valls maintient la ligne de fermeté du gouvernement

* Il adresse un message d'apaisement à la communauté musulmane

par Julien Ponthus

COURCOURONNES, Essonne, 25 juillet (Reuters) - Manuel Valls a été reçu dans une ambiance tendue vendredi dans une mosquée de l'Essonne pour une rupture du jeûne du ramadan en marge de laquelle des militants ont dénoncé l'interdiction d'une manifestation pro-palestinienne prévue samedi à Paris.

"Sionistes, fascistes, c'est vous les terroristes !", ont scandé quelques dizaines de personnes rassemblées devant la mosquée d'Évry-Courcouronnes, au coeur du fief électoral du Premier ministre et ancien maire d'Evry.

La manifestation de samedi a été interdite, a dit le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, notamment parce que ses organisateurs sont les mêmes que ceux du rassemblement interdit du 19 juillet à Paris, qui avait donné lieu à des débordements.

Des associations et des personnalités religieuses contestent les raisons de sécurité invoquées et citent l'exemple du défilé pro-palestinien qui s'est déroulé sans incident majeur mercredi.

Khalil Merroun, recteur de la mosquée d'Évry-Courcouronnes, a expliqué à Reuters être en désaccord avec son invité Manuel Valls sur l'interdiction de la manifestation.

"Moi je crois que les manifestations, c'est un droit républicain, on n'a pas à les interdire, c'est au gouvernement, à l'Etat d'assurer la sécurité", a-t-il dit, ajoutant avoir été conspué par certains jeunes pour avoir reçu Manuel Valls.

Le déplacement du Premier ministre intervient alors qu'une partie de l'opinion estime que le Premier ministre défend avec François Hollande une position trop favorable à Israël dans le conflit qui l'oppose au Hamas dans la bande de Gaza.

"Avant il était maire d'Evry, il soutenait la Palestine, maintenant il soutient Israël", a estimé un jeune posté devant la mosquée et qui n'a pas souhaité donner son nom.

"RIEN NE POURRA JAMAIS JUSTIFIER LES DÉBORDEMENTS"

Le bombardement à Gaza d'une école gérée par l'Onu, qui a coûté la vie à 15 personnes jeudi, a ravivé les protestations contre les opérations militaires israéliennes et conduit la communauté internationale à renouveler ses appels à un cessez-le-feu.

Manuel Valls a dit comprendre l'émotion suscitée par les violences à Gaza mais a tenu à réaffirmer la position du gouvernement face aux manifestations jugées à risque.

"Face aux horreurs de la guerre, des opinions, des indignations s'expriment, c'est légitime, des manifestations s'organisent, c'est un droit fondamental, mais rien ne pourra jamais justifier les débordements, la violence, la haine de l'autre", a-t-il dans son discours.

Le gouvernement "fera preuve de la plus grande fermeté en interdisant à chaque fois les manifestations quand les conditions de sécurité ne seront pas assurées", a-t-il promis, avant de partager un repas auquel participaient les représentants des différentes communautés religieuses de l'agglomération.

"En partageant ce repas, je veux dire aux musulmans de France que les musulmans de France, c'est la France", a-t-il lancé, notant que la progression des actes anti-musulmans suivait celle des actes antisémites ou de profanations de cimetières.

Depuis le 8 juillet, 844 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués dans la bande de Gaza, dont 55 pour la seule journée de vendredi. Les opérations terrestres ont également coûté la vie à 35 soldats israéliens, dont trois tués vendredi. (Julien Ponthus, édité par Guy Kerivel)