PARIS, 2 mai (Reuters) - Deux anciens maires rwandais, accusés d'avoir ordonné des massacres de Tutsis au Rwanda en 1994 et condamnés en juillet 2014 à la prison à perpétuité pour génocide et crime contre l'humanité, sont rejugés à partir de mercredi en appel à Paris.

Tito Barahira, 66 ans, a été le maire de la commune de Kabarondo, dans le sud-est du Rwanda, entre 1977 et 1986. Son coprévenu, Octavien Ngenzi, 60 ans, lui avait succédé. Ils comparaissent détenus.

Octavien Ngenzi était aussi responsable local du Mouvement Républicain National pour la Démocratie et le Développement (MNRD) au moment du génocide rwandais, lors duquel quelque 800.000 Tutsis ont péri en à peine 100 jours.

Il est accusé d'avoir participé à la formation de milices, dirigé du 6 avril au 4 juillet 2014 des réunions pour coordonner des attaques contre la population tutsie, organisé le transport de Tutsis dans la perspective de leur élimination et supervisé des tueries dans la circonscription de Kibungo.

Il lui est également reproché d'avoir participé à l'attaque de Tutsis réfugiés dans l'église de Kabarondo le 13 avril 1994 - une opération qui a fait un millier de morts - ainsi qu'à des attaques contre des membres de la même communauté réfugiés dans le centre de soin de Kabarondo.

Tito Barahira, homme d'affaires et président local du MNRD à l'époque, est accusé d'avoir armé des milices et commandité des massacres de Tutsis, notamment celui de l'église de Kabarondo.

Les faits reprochés aux deux hommes, "se sont inscrits dans le cadre d'une pratique massive et systématique d'exécutions sommaires (...) en exécution d'un plan concerté", souligne l'acte d'accusation.

A la suite de leur condamnation en première instance le 6 juillet 2016, Tito Barahira et Octavien Ngenzi, qui clament leur innocence, ont fait appel. Le procès en appel est prévu pour durer jusqu'au 6 juillet.

L'ex-officier du Service central de renseignement rwandais Pascal Simbikangwa a été le premier Rwandais définitivement condamné en France, le 3 décembre 2016, à 25 ans de prison, pour génocide et complicité de crime contre l'humanité. (Emmanuel Jarry, édité par Sophie Louet)