Tout commence le 5 Avril dernier.
 
En amont de la première rencontre entre Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping, la brillante idée d’envoyer un missile en pleine mer du Japon n’a pas échappé au dictateur nord-coréen Kim Jong-Un. La Chine représentant son unique allié, certainement souhaitait-il s’assurer que son nom figure bien à l’ordre du jour à Washington.
 
Rappelons que depuis plus d’une dizaine d’années, Pyongyang, obsédé par sa sécurité, travaille sur un programme de défense nucléaire et balistique, dont les avancées technologiques pourraient, selon certains experts, lui permettre d’atteindre la côte ouest des Etats-Unis.
 
La provocation a, quoi qu’il en soit, exercé son petit effet puisque le président américain a aussitôt répliqué, non sans la fameuse finesse qui le caractérise désormais aux yeux du grand public. Ainsi porte-avion, escadron aérien, destroyers, frégate et quelques 5000 hommes ont pris la direction de la péninsule dans une gigantesque opération de communication qui se voudrait préventive.
 
Face à l’ostentation de la manœuvre, le président chinois appelle au calme, soucieux d’employer des moyens pacifiques pour régler la crise.
 
Mais Kim Jong-Un a semble-t-il éveillé les pulsions nationalistes de Donald Trump, désireux d’affirmer la toute-puissance américaine, privilégiant la stratégie de l’intimidation à celle du dialogue.
 
Les Etats-Unis ont ainsi commencé par bombarder de façon unilatérale une base de l’armée syrienne, en réponse à l’attaque chimique sur Khan Cheikhoun imputée à Bachar el-Assad, sans consulter les Nations Unies, ni attendre que soit diligentée une enquête internationale destinée à en identifier les coupables. Problème, l’Iran et la Russie, deux des principaux alliés du régime de Damas, apprécient peu les velléités guerrières de Monsieur Trump, l’accusant de renforcer l’Etat Islamique et Al-Qaïda en Syrie. Dans un oppressant climat de guerre froide, le Kremlin parle d’une « agression contre un Etat souverain », « en violation des normes du droit international » et d’un « préjudice considérable » aux relations russo-américaines.
 
Dans la foulée, la « mère de toutes les bombes », l’explosif le plus destructeur de l’arsenal non atomique, vient d’être larguée en Afghanistan afin de détruire des souterrains utilisés par des djihadistes de Daech. Le magnat de l’immobilier espère ainsi faire d’une pierre deux coups, démontrant d’un côté à Moscou et Téhéran qu’il n’est pas du côté du terrorisme, prévenant de l’autre Pyongyang que des engins de 9 tonnes sont susceptibles d’être dégainés sans préavis. 
 
En conséquence et malgré le soutien de principe des alliés de la première puissance mondiale, les marchés s’interrogent sur le bienfondé d’une posture aussi vindicative, qui tend à dégrader le commerce mondial et les relations internationales.
 
A Pyongyang en revanche, pas de quoi gâcher le 105ème anniversaire de la naissance du fondateur de la dynastie nord-coréenne, transformé pour l’occasion en véritable démonstration de force : parade militaire géante et étalage de missiles, uniquement entachés par l’échec suspect d’une nouvelle tentative de tir.
 
 « La Corée du Nord ferait mieux de ne pas tester notre détermination », prévient alors le vice-président Mike Pence. 
 
« Nous répondrons à une guerre totale par une guerre totale », rétorque la dictature.
 
Plus cohérent et raisonné que ne le laisse penser son image médiatique, Kim Jong-Un n’a en effet aucune raison de frapper le premier. De l’autre côté, bien que Donald Trump soit nettement plus imprévisible, l’expérience des généraux qui conseillent la Maison-Blanche devrait permettre d’éviter le déclenchement d’un conflit armé entre deux pays disposant d’un arsenal atomique.
 
Un risque se profile néanmoins à l’horizon alors que Pyongyang fêtera le 85ème anniversaire de la fondation de l’armée de la Corée du Nord le 25 Avril prochain. Tandis que l’évènement pourrait motiver de nouvelles provocations du régime, la date coïncidera avec l’arrivée de l’armada américaine au large des côtes de la péninsule.
 
Dans pareil contexte, les obligations, l'or, le Yen et le Franc Suisse s'octroient la faveur des opérateurs. L’indicateur VIX, baromètre de la peur, progresse de plus de 60% en un mois. S’il conserve ses distances vis-à-vis de ses pics de 2016, consécutivement au référendum sur le Brexit ou à l’élection de Donald Trump, son rebond illustre une anxiété palpable sur les marchés financiers. Il appelle surtout à une extrême prudence, tant nos têtes pensantes n’ont jamais semblé aussi sujettes aux dérapages irréversibles.