"Quels commentaires vous inspirent la victoire du parti d’extrême gauche à l’issue des élections parlementaires en Grèce ?
Cette victoire ne constitue pas une surprise. Nous savions que la probabilité était forte que le parti Syriza gagne les élections. L’enjeu était de savoir si nous aurions une majorité absolue sans recourir à un gouvernement de coalition. L’issue ayant été particulièrement favorable, il semble qu’un gouvernement stable soit en train d’être mis en place.

La réaction du marché face à cette issue vous a-t-elle surprise ?
Pas du tout. Le marché avait anticipé depuis longtemps l’évènement. Il savait en raison de la présentation des grandes lignes du plan politique du parti à quoi s’attendre.

La montée des actions de la zone euro ce lundi reflète-t-elle un ''ouf de soulagement'' ?
Au-delà du fait que le parti soit d’extrême gauche, il est à souligner que l’absence de vide politique, et la possibilité en cela d’avoir des discussions constructives entre les dirigeants du pays et les membres de la Troika, sont une bonne nouvelle. Nous devrions avoir une diminution du risque politique au cours des prochains mois.

Pour autant, j’analyserai davantage la montée des actions de la zone euro ce lundi comme la poursuite de l’impact de l’annonce du programme de quantitative easing de la BCE jeudi dernier qui a permis d’alimenter davantage l’appétit pour le risque plutôt que comme un soulagement face à l’aboutissement des élections grecques.

Une période de négociation devrait à présent s’ouvrir sur plusieurs mois. Pensez-vous que le bras de fer aboutira à un accord ?
Nous devrions nous diriger rapidement vers un rééchelonnement du remboursement de la dette grecque. Ce remboursement pourrait être conditionné à une croissance économique au niveau national comme le désire le parti Syriza.
Il y a d’un coté une volonté des dirigeants européens d’éviter des remous importants sur les marchés financiers et d’entretenir les effets d’aubaine découlant des actions de la BCE. D’un autre coté, le gouvernement grec voudra capitaliser sur sa large victoire pour obtenir des résultats rapidement.
Tout le monde devrait être ainsi suffisamment responsable pour trouver un consensus et empêcher un défaut de remboursement de la Grèce cet été.

La solution définie pourrait-elle envisager une restructuration ?

Cette restructuration n’est pas urgente. Elle ne devrait pas arriver dans l’immédiat. Nous devrions persister dans une fuite en avant pour le moment.

Les ministres des finances se sont réunis à Bruxelles hier pour parler singulièrement de la question de la Grèce. Peut-on en escompter une nouvelle information sur le dossier ?
Une certaine fermeté devrait être arborée par le ministre allemand sur la nécessité de respecter les engagements pris associée à une inclination à discuter avec les membres du nouveau gouvernement grec.
Nous devrions avoir plus d’éléments au terme de la réunion des chefs d’Etat européens le 6 février prochain.

Le taux à dix ans de la Grèce se situe à 9%. Est-ce pour vous un maximum ?

Pour l’heure oui. Compte tenu de l’état économique et financier de la Grèce, ce taux est très bas.
Il pourrait encore s’amoindrir vers les 8% mais guère bien plus bas. Ce d’autant plus que la BCE n’a pas a priori prévu dans son programme de quantitative easing de racheter des titres grecs. Il ne devrait y avoir qu’une influence indirecte limitée.

A-t-on selon vous connu le pic de volatilité au regard de ce dossier grec ?
Très probablement. Ainsi nous ne tablons pas du tout sur un regain de la crise des dettes à court terme au sein de la zone euro. La situation devrait rester stable sur fond d’une illusion donnée par la BCE que tout va bien. Personne n’a intérêt à la réalisation d’un scénario catastrophe.

Vous excluez tout risque fondamental de sortie de la Grèce de la zone euro ou risque d’effet de contagion notable de la problématique grecque à d’autres pays ?
Absolument. La politique monétaire ultra accommodante de la BCE devrait avoir le dessus sur les mouvements erratiques susceptibles de découler de la position hostile affichée par certains dirigeants européens. Nous ne voyons pas pour l’heure de perturbations similaires à celles que nous avons vécues en 2012.

Vers quel autre pays de la zone euro le regard des investisseurs devraient se réorienter ?
L’Italie, dont santé des finances publiques est désastreuse. Le niveau d’endettement est inquiétant. La compétitivité est loin d’être restaurée en dépit du repli de l’euro. Les tensions ne devraient toutefois pas être palpables à court terme, pas avant six mois à un an."