* Les Grecs votent sur les propositions de leurs créanciers

* Scrutin très serré selon les derniers sondages

* Le gouvernement Tsipras appelle à voter "non"

* Pour les créanciers, l'avenir du pays dans l'euro est en jeu (Actualisé avec citations, vote de Tsipras, Schulz)

par Deepa Babington et George Georgiopoulos

ATHENES, 5 juillet (Reuters) - Les Grecs ont commencé à voter dimanche pour ou contre le plan de sauvetage "argent frais contre réformes" proposé par leurs créanciers, un référendum à l'issue incertaine qui pourrait ouvrir la voie à une sortie du pays de la zone euro après cinq années d'austérité.

Les enquêtes d'opinion n'ont pas permis de dégager une tendance claire avant ce scrutin qui est observé dans toutes les capitales occidentales.

Les Grecs apparaissent divisés entre les partisans du "non" prôné par le Premier ministre Alexis Tsipras, qui appelle à refuser le plan des créanciers qu'il qualifie d'"humiliation", et les défenseurs du "oui", convaincus qu'un "Grexit" serait pire que la poursuite d'un programme de rigueur budgétaire.

Pour les créanciers et les partenaires européens, une victoire du "non" ouvrirait la voie à une sortie de la Grèce de la zone euro et à une onde de choc sur les marchés financiers.

"Demain, nous aurons ouvert une nouvelle voie pour tous les peuples d'Europe, une route qui ramène aux valeurs fondatrices de la démocratie et de la solidarité en Europe", a déclaré Alexis Tsipras, après avoir voté à Athènes.

Un "non", estime le jeune Premier ministre de la gauche radicale, "enverra un message de détermination, non seulement pour rester en Europe mais pour vivre avec dignité en Europe".

C'est une population en colère et épuisée par les mesures d'austérité qui est appelée à se prononcer au moment où le gouvernement a instauré un contrôle des capitaux et ordonné la fermeture des banques depuis lundi.

"Nous appelez ça dignité, de faire la queue devant les distributeurs de billets pour quelques euros?", rétorque Yannis Kontis, 76 ans, après avoir voté à Athènes. "J'ai voté "oui" pour que nous puissions rester en Europe", ajoute ce retraité.

SANS EMPLOI DEPUIS QUATRE ANS

Eleni Deligainni, 43 ans, a elle aussi glissé un bulletin "non" dans l'urne. "J'ai voté 'non' au 'oui' que nos partenaires européens veulent que je choisisse", explique cette habitante d'Athènes. "Je suis sans emploi depuis quatre ans et je me disais d'être patiente (...) mais j'ai eu suffisamment de privations et de chômage."

Les bureaux de vote fermeront à 19h00 (16h00 GMT). Les premières projections officielles sont prévues à 21h00.

Quatre sondages publiés vendredi donnent une courte avance en faveur du "oui" tandis qu'un cinquième prévoit une victoire du "non" avec une marge de 0,5 point d'avance.

Les tenants du "oui" estiment que les propositions des créanciers s'annoncent à nouveau douloureuses mais qu'une sortie de la zone euro et un retour à la drachme constitueraient un scénario bien pire.

Les partisans du "non" font valoir qu'une nouvelle hausse fiscale et une baisse des pensions de retraite en échange d'une prolongation de l'aide financière internationale n'est pas supportable pour un pays où un quart de la population active est sans emploi. Ils estiment avec Alexis Tsipras que l'Europe se livre à un "chantage" sur leur pays.

En cas de victoire du "oui", le Premier ministre a laissé entendre qu'il démissionnerait.

CAUCHEMAR

Pour Wolfgang Piccoli de Teneo Intelligence, "un départ anticipé du Premier ministre Alexis Tsipras est plus probable qu'un Grexit".

"Quel que soit le résultat de dimanche, l'instabilité politique est appelée à durer à un niveau élevé", ajoute-t-il.

A la veille du scrutin, le ministre des Finances Yanis Varoufakis a affirmé qu'en cas de victoire du "non", les créanciers n'auront pas d'autre choix que d'accorder à la Grèce des conditions d'aide plus favorables, y compris un important allègement de la dette et moins d'austérité.

Les créanciers de la Grèce font valoir qu'un "oui" à leur plan permettra de débloquer de nouvelles aides pour la Grèce. Un "non", disent-ils, représente un rejet des règles qui lient les pays ayant l'euro pour devise.

"Si elle (La Grèce) dit "non", elle devra introduire une autre monnaie après le référendum parce que l'euro ne sera pas disponible comme moyen de paiement", a déclaré Martin Schulz, le président du Parlement européen, dans un entretien à la Deutschlandfunk, la radio allemande, diffusé dimanche.

"Et comment les salaires vont-ils être payés ? Comment les pensions vont-elles être payées? Dès que quelqu'un introduit une nouvelle devise, il sort de la zone euro", a-t-il ajouté.

Tous les regards seront tournés vers la Banque centrale européenne qui doit refaire le point lundi matin sur sa ligne de liquidité d'urgence accordées aux banques grecques pour leur permettre de rester à flot.

La BCE pourrait décider de la geler ou de la réduire en cas de vote négatif au référendum ou en cas de non remboursement par Athènes d'un remboursement dû à la BCE le 20 juillet.

Une autre crainte est liée à une victoire étriquée d'un camp ou de l'autre qui viendrait ajouter à la confusion ambiante.

"Le cauchemar serait un résultat de 51-49 en faveur d'un camp ou de l'autre", a jugé un responsable allemand. "Et les chances d'assister à cela ne sont pas minces".

RENVOI

Les scénarios politiques avant et après le référendum (Pierre Sérisier et Danielle Rouquié pour le service français)