par Paul Taylor et Jan Strupczewski

BRUXELLES, 12 juillet (Reuters) - Le plan de sauvetage qui sera éventuellement accordé à la Grèce devra prévoir 25 milliards d'euros pour la recapitalisation des banques au bord de la faillite et peut-être un allongement de la durée des prêts accordés à la Grèce pour alléger le fardeau de la dette, a-t-on appris de source proche des discussions de l'Eurogroupe.

Après neuf heures de négociations, les ministres des Finances de la zone euro se sont séparés samedi soir sans accord sur l'avenir de la Grèce. Ils reprendront leurs discussions dimanche matin.

La recapitalisation des banques est nécessaire en raison des dégâts provoqués par les retraits massifs sur les comptes grecs avant la fermeture de deux semaines des établissements, effective depuis le 29 juin. Elle s'inscrit dans le cadre des mesures de contrôle des capitaux imposées par le Premier ministre Alexis Tsipras pour empêcher les épargnants et les entreprises de vider leurs comptes.

Le chef du gouvernement de la gauche radicale demande un prêt de 53,5 milliards d'euros au Mécanisme européen de stabilité (MES), le dispositif européen de gestion des crises financières dans la zone euro.

Les experts de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI), qui ont analysé les besoins de financement de la Grèce, estiment que 74 milliards d'euros seront nécessaires, explique-t-on.

DURÉE DES PRÊTS PEUT-ÊTRE PORTÉE A 60 ANS

Sur ce montant, une partie pourrait venir du FMI. En outre, il faudra peut-être huit milliards d'euros supplémentaires pour maintenir la Grèce à flot jusqu'à ce que le plan de sauvetage soit mis en place. Ce qui porterait le besoin total de financement à 82 milliards d'euros.

Sur cette enveloppe globale, environ 25 milliards seraient nécessaires pour renforcer le bilan des banques, mis à mal par la rechute économique et les craintes de sortie de la Grèce de l'euro.

Autre variable des négociations : la dette. Le FMI souhaite un rééchelonnement de la dette grecque et préférerait voir les Etats de la zone euro réduire la valeur nominale de leurs prêts à Athènes, explique-t-on. L'Allemagne a par exemple prêté 57 milliards d'euros à la Grèce. Mais Berlin et d'autres Etats ont exclu une baisse de valeur ("haircut") au motif que cela contreviendrait aux traités régissant la monnaie unique.

En l'absence de "haircut", les responsables du FMI proposent d'assouplir les conditions de remboursement des prêts en combinant délais de grâce sur le paiement des intérêts, intérêts abaissés et échéances allongées.

Un des scénarios possibles prévoit un doublement de la durée des prêts, qui passerait de 30 à 60 ans.

"C'est tellement plus sympa de léguer cela à nos petits-enfants plutôt qu'à nos enfants", commente avec ironie un autre familier des discussions. (Danielle Rouquié pour le service français)