* L'UE ouverte à un nouveau délai de remboursement

* Athènes ne veut pas prolonger l'aide internationale

* Les problèmes de la Grèce n'ont pas disparu-Eurogroupe (Actualisé avec des précisions, citations, contexte)

par Robin Emmott et Ingrid Melander

BRUXELLES, 26 janvier (Reuters) - L'Europe s'est montré disposée lundi à donner un nouveau délai à la Grèce pour rembourser ses dettes mais elle n'entend pas céder au souhait du nouveau gouvernement grec d'un effacement partiel de ces dernières, soulignant que les problèmes économiques du pays sont toujours là.

Réagissant à la victoire dimanche du parti anti-austérité Syriza aux législatives grecques, l'Union européenne (UE) a fait savoir qu'une réduction de la dette contreviendrait aux règles en vigueur dans la zone euro et reviendrait à envoyer le mauvais message aux autres pays membres de la monnaie unique.

Avant même de négocier un nouveau délai, la Grèce doit obtenir un prolongement de son programme d'aide international pour se donner le temps de la discussion de la future politique économique et d'un éventuel rééchelonnement des échéances.

"Nous sommes très motivés pour travailler avec le nouveau gouvernement grec et progresser sur la voie de la reprise", a déclaré Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe (réunion des ministres des Finances de la zone euro).

Mais les difficultés économiques de la Grèce sont toujours là et les résorber devra se faire en coopération avec l'ensemble de la zone euro, a-t-il observé. "Nous devons tous nous rendre compte, et le peuple grec pareillement, que les grands problèmes de l'économie grecque n'ont pas disparu et même n'ont pas changé du jour au lendemain simplement parce qu'il y a eu une élection".

Le programme de renflouement européen, inscrit dans un ensemble de 240 milliards d'euros concocté par la "troïka" (UE, Fonds monétaire international, Banque centrale européenne) arrive à expiration le 28 février à minuit et faute d'une prolongation, la Grèce ne pourrait assurer ses besoins de financement.

NON AU 28 FEVRIER

Dans la mesure où la Grèce devra rembourser une dizaine de milliards d'euros de dette cet été et où les marchés des capitaux lui sont fermés de fait, les investisseurs craignent que la victoire du parti de gauche Syriza ne se traduise par une confrontation brutale avec les bailleurs de fonds internationaux.

Dijsselbloem a tenté de minimiser ces inquiétudes a déclarant qu'il avait déjà parlé avec Yanis Varoufakis, le probable nouveau ministre des Finances, pendant un quart d'heure au téléphone lundi soir.

Des responsables de Syriza ont dit précédemment que la première priorité du nouveau gouvernement serait de demander aux créanciers un délai de quelques mois de façon à tout mettre à plat plutôt que repartir d'où l'ancien gouvernement en était resté.

Ils ne veulent pas d'une prolongation d'un programme de renflouement auquel ils sont farouchement opposés. Alexis Tsipras, le chef du parti et nouveau Premier ministre, fait fi de la date limite du 28 février, affirmant qu'il a jusqu'à juillet pour négocier avec les bailleurs de fonds.

Pourtant cette prolongation s'impose car sans elle la Grèce ne pourra profiter du nouveau programme de rachats obligataires, dit d'assouplissement quantitatif (QE), de la BCE. Si Athènes ne veut pas assurer le service de la dette due à la zone euro, cette dernière ne lui prêtera plus, non plus que les investisseurs privés, dit-on dans les milieux officiels.

"Il ne s'agit pas de restructurer la dette passée", a déclaré à la presse le ministre de l'Economie espagnol Luis De Gundos. "Il leur (aux Grecs) faut beaucoup de financements dans les mois qui viennent et ce n'est pas des marchés financiers que cela proviendra".

"Il n'y aura pas de remises de dette mais nous sommes prêts à discuter d'une extension du programme de renflouement ou des échéances (...) Mais cela ne changera rien au fait que la Grèce doit poursuivre les réformes économiques", a déclaré de son côté le Premier ministre finlandais Alexander Stubb.

PARIS AUX COTES D'ATHENES

Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, a dit que la banque centrale ne participerait pas à une démarche de réduction de la dette grecque. "Cela n'exclut pas une discussion par exemple sur le rééchelonnement de cette dette", a-t-il toutefois ajouté.

Même son de cloche du côté de l'Allemagne, principal contributeur aux programmes de renflouement de la zone euro et chantre de l'orthodoxie budgétaire.

"Si nous réduisions la dette (de la Grèce), cela enverrait un mauvais signal au Portugal ou à l'Irlande, à Chypre ou à l'Espagne", a affirmé le commissaire européen à l'Economie numérique, l'Allemand Günther Oettinger.

Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble a jugé que le nouveau Premier ministre grec devait "trouver une manière différente" de résoudre les problèmes de la Grèce s'il ne voulait pas de l'argent du programme de renflouement international.

"Personne n'a reçu d'aide non sollicitée", dit-il. "Si M. Tsipras dit qu'il n'en veut pas, très bien! Il devra alors trouver un autre moyen de résoudre les problèmes de la Grèce", ajoute-t-il, excluant par avance le principe de toute décote sur la dette grecque.

Le président François Hollande a lui déclaré que "la France serait aux côtés de la Grèce" pour préparer son avenir, après la victoire de la gauche radicale aux élections législatives, mais a ajouté que les engagements pris dans le passé devaient être tenus.

(Avec Leigh Thomas, Stephen Brown, Jussi Rosendahl, Shadia Nasralla, Michael Shields, Sabine Siebold, Michale Nienaber, Eric Kirschbaum, Wilfrid Exbrayat pour le service français)