par Marc Jones

LONDRES, 27 mai (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) pourrait desserrer les contraintes concernant le montant de dette souveraine grecque à court terme que les banques du pays sont autorisées à détenir s'il apparaît clairement que la zone euro compte débloquer l'aide tant attendue, apprend-on mercredi de source bancaire.

La BCE a maintenu la pression sur la Grèce ces derniers mois en limitant le montant de bons du Trésor grecs que les banques helléniques sont autorisées à détenir, coupant de fait le gouvernement grec de sa principale source d'emprunt.

"Le plafond (des bons du Trésor) pourrait être relevé s'il y a une perspective crédible de déblocage (de l'aide de la zone euro)", a déclaré une source qui a requis l'anonymat.

"Si le 1,9 milliard d'euros de plus-values des SMP (Securities Market Program, achats sur le marché secondaire de dettes de pays en difficultés) était débloqué, ce pourrait être un signal", ajoute la source, en référence aux bénéfices tirés des obligations grecques acquises par la BCE en 2010-2011 pour tenter de contenir la crise de la dette en zone euro.

La BCE a déclaré mercredi qu'elle n'avait aucun commentaire à faire concernant l'éventualité de relever ce plafond. Mais Benoît Coeuré, membre du directoire de l'institution, a déclaré la semaine dernière dans une interview que la Grèce pourrait "alléger ses contraintes de financement" en s'assurant une aide et en retrouvant in fine un accès au marché obligataire.

Si Athènes parvenait à conclure un nouvel accord, ses obligations seraient aussi automatiquement éligibles au programme de rachat de 1.000 milliards d'euros d'actifs de la BCE dans le cadre de sa politique dite "d'assouplissement quantitatif".

CAROTTE ET BÂTON

Bien que ces possibilités d'assouplissement soient agitées comme une carotte pour pousser Athènes à conclure un accord, un bâton de taille a été brandi ces dernières semaines.

Mercredi, la BCE a décidé pour la première fois depuis février de ne pas relever le plafond des liquidités d'urgence (ELA) accordées aux banques grecques. Les établissement de crédit utilisent ces liquidités pour faire face aux retraits de leurs déposants qui craignent que leurs comptes ne soient gelés.

Jens Weidmann, gouverneur de la Bundesbank, a fortement critiqué les liquidités d'urgence accordées aux banques grecques et notamment leur utilisation pour acheter des bons du Trésor.

Il y a également eu des craintes que la BCE augmente la décote appliquée aux garanties ou collatéraux, notamment les titres de dette souveraine grecque, que les banques du pays présentent pour obtenir des financements de la BCE.

Certains membres de la BCE estiment qu'il faudra augmenter cette décote si Athènes ne respecte pas ses échéances de remboursement au Fonds monétaire international (FMI) ou sur les obligations grecques que la BCE détient encore, soit sept milliards d'euros dont le remboursement est dû d'ici août. (Juliette Rouillon pour le service français, édité par Tangi Salaün)