* Il faut trouver un compromis sur la base des réformes-Macron

* "Ne pas faire le traité de Versailles de la zone euro"

* Macron veut reprendre dès lundi les discussions politiques

* La sortie de l'euro pas automatique en cas de "non" grec (Actualisé avec point presse d'Emmanuel Macron)

par Alexandre Boksenbaum-Granier

AIX-EN-PROVENCE, Bouches-du-Rhône, 5 juillet (Reuters) - Le ministre français de l'Economie, Emmanuel Macron, a estimé dimanche qu'il faudrait trouver un compromis pour la Grèce quelle que soit l'issue du référendum et ne pas se réfugier derrière l'action de la Banque centrale européenne (BCE).

Les électeurs grecs sont appelés aux urnes ce dimanche pour se prononcer sur des propositions soumises par les créanciers du pays en vue d'un accord "aides financières contre réformes", un référendum à l'issue incertaine et qui pourrait ouvrir la voie à une sortie du pays de la zone euro.

"Même si le non grec devait l'emporter, notre responsabilité dès demain ce sera de ne pas faire le traité de Versailles de la zone euro", a jugé Emmanuel Macron en évoquant le texte signé après la Première Guerre mondiale et qui détermina les sanctions prises par les alliés contre l'Allemagne, souvent accusé d'avoir ouvert la voie à la montée du nazisme en précipitant l'Allemagne dans la crise économique.

"La situation de la zone grecque, nous l'avons co-produite (...) Il faut être exigeant et trouver un compromis pour la Grèce sur la base des réformes, de la soutenabilité de la dette, d'évolution des finances dans le temps. Nous aussi nous devons faire des efforts", a-t-il ajouté à l'occasion des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence.

Sur BFM TV, le ministre a indiqué que même une réponse négative du peuple grec au référendum ne pouvait pas déboucher sur une sortie automatique de la Grèce de la zone euro ("Grexit").

"D'AUTRES GRÈCE DÈS DEMAIN"

Avant l'intervention d'Emmanuel Macron, Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, avait répété que l'institution aurait recours à des mesures supplémentaires si cela s'avérait nécessaire.

"Il ne s'agit pas de se réfugier derrière la BCE ou d'autres, ils font déjà plus que leur travail", a toutefois considéré Emmanuel Macron.

"La zone euro, c'est un projet politique avant d'être un projet économique et quel que soit le vote, nous devons dès demain reprendre des discussions politiques pour donner un cadre", a-t-il insisté.

Le ministre français, partisan d'une Europe "à deux vitesses" avec une zone euro renforcée, a également mis en garde contre les conséquences pour la monnaie commune de l'absence de réflexion politique sur la crise grecque.

"La question qui nous est posée, c'est celle de l'intégration de la zone euro. Parce que si nous en sommes arrivés là, c'est que l'on a vécu pendant dix ans dans un malentendu politique qui a conduit à cette situation", a-t-il dit.

"En même temps qu'il faut sauver la Grèce de manière responsable, et donc exigeante, nous devons porter ce projet politique, cette ambition politique, parce que la zone euro sans une nouvelle ambition, une nouvelle vision (...), cela veut dire d'autres Grèce dès demain", a estimé Emmanuel Macron.

"ALLER VERS PLUS D'INTÉGRATION"

Le ministre de l'Economie a signé il y a un mois une tribune avec son homologue allemand Sigmar Gabriel, en faveur de la constitution d'un budget de la zone euro et d'une convergence économique accrue.

"La zone euro en l'état actuel ne peut pas durer. Et donc il faut que nous allions au bout du raisonnement. La zone euro, elle doit soit aller vers plus d'intégration, soit redevenir une zone de taux de change fixe", a expliqué aux journalistes dimanche Emmanuel Macron.

Et l'ancien associé-gérant à la banque Rothschild & Cie de préciser: "je pense qu'il faut aller vers plus d'intégration dans la zone euro, parce que c'est ça le projet de la zone euro et parce que, en raison justement de l'insuffisance de la coordination de nos économies, en raison de l'insuffisance des transferts de nos économies, et bien la zone euro s'en retrouve là où elle est aujourd'hui avec la Grèce."

Les enquêtes d'opinion réalisées en Grèce n'ont pas permis de dégager une tendance claire avant le réféendum, observé dans toutes les capitales occidentales par les dirigeants politiques mais aussi par les investisseurs.

L'évolution des marchés financiers ont été marqués la semaine dernière par l'aggravation de la crise grecque après la rupture spectaculaire des discussions entre Athènes et ses partenaires européens. La Bourse de Paris a perdu près de 5% sur la semaine tandis que les rendements des obligations des pays jugés vulnérables à une possible contagion de la crise grecque, comme l'Espagne ou l'Italie, remontaient nettement.

(Avec Leigh Thomas, édité par Grégory Blachier et Marc Angrand)