MASAYA, Nicaragua, 14 juillet (Reuters) - Une grève générale a paralysé le Nicaragua vendredi, à l'appel d'organisations de la société civile qui réclament la démission du président Daniel Ortega, après plus de trois mois de contestation réprimée dans le sang.

Cette grève générale a fait suite aux grandes manifestations jeudi en divers points du pays.

Le Nicaragua est en proie à des troubles depuis le mois d'avril, quand le président Ortega a voulu réduire les allocations des retraités afin de combler le déficit de la sécurité sociale. Son projet, abandonné par la suite, a provoqué des manifestations meurtrières et conduit les protestataires à réclamer le départ du chef de l'Etat et la tenue d'élections anticipées.

Autour de 300 personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces favorables à Ortega et les manifestants, selon des organisations de défense des droits de l'homme. Il s'agit des troubles les plus sanglants au Nicaragua depuis la guerre civile, qui a pris fin en 1990.

La télévision nicaraguayenne a montré des rues désertées que ce soit dans la capitale Managua et dans une bonne partie du reste du pays. Au même moment, le président Ortega et son entourage assistaient au défilé traditionnel dans le bastion révolutionnaire de Masaya, ville d'où les rebelles sandinistes avaient lancé leur insurrection contre le dictateur Anastasio Somoza en 1979.

Evoquant la crise politique en cours, Daniel Ortega a proposé d'engager des pourparlers avec l'opposition.

"J'invite (les manifestants) à cesser la confrontation et à faire en sorte que nous nous unissions tous pour apporter à la population la paix dont le Nicaragua a besoin", a-t-il dit.

Daniel Ortega en est actuellement à son troisième mandat présidentiel consécutif, qui doit prendre fin en 2021.

Des étudiants se sont retranchés vendredi à l'intérieur de l'Université autonome nationale du Nicaragua, dans la capitale Managua, tandis que des groupes paramilitaires favorables à Ortega ouvraient le feu sur le bâtiment, ont rapporté des médias. (Oswaldo Rivas; Eric Faye pour le service français)