LE CAIRE, 26 avril (Reuters) - Le procès de l'ancien président égyptien Mohamed Morsi, déposé par l'armée et condamnée à vingt ans de prison, a été "entaché de graves irrégularité" et semble avoir répondu à des impératifs politiques, dénonce dimanche l'organisation Human Rights Watch.

Issu des Frères musulmans, le premier président égyptien élu au terme d'un scrutin démocratique a été condamné mardi dernier pour violence, enlèvement et torture dans le contexte des manifestations de la fin 2012 contre un décret étendant ses prérogatives. (voir )

Morsi a été chassé du pouvoir par l'armée en juillet 2013 à la suite de manifestations de masse contre son gouvernement. Abdel Fattah al Sissi, alors chef d'état-major des forces armées, a été élu à la présidence au printemps dernier.

Dans une déclaration publiée dimanche, Human Rights Watch condamne la longue détention sans charge de Morsi, retenu pendant plus de trois semaines après son éviction sans qu'aucune inculpation ne lui ait été notifiée.

HRW accuse également les procureurs de s'être trop appuyés sur les témoignages de militaires et de policiers.

"Quelle que soit la responsabilité politique qu'il a pu endosser, l'accusation n'a pas établi sa culpabilité criminelle dans cette affaire", écrit HRW.

L'organisation de défense des droits de l'homme s'étonne également des déclarations d'un porte-parole de l'équipe des avocats de Morsi, selon lequel ces derniers n'ont été autorisés à le rencontrer qu'une seule fois, en novembre 2013. Un autre avocat cité par HRW indique que la défense n'a pas appelé de témoins à la barre par peur pour leur sécurité.

Aucune réaction n'a pu être obtenue dans l'immédiat auprès des autorités égyptiennes mais le gouvernement a dénoncé cette semaine les critiques ayant suivi l'annonce de la condamnation de Morsi, rejetant une "ingérence inacceptable dans les affaires intérieures (du pays) et a fortiori un mépris pour les décisions de la justice égyptienne".

Mohamed Morsi et ses co-accusés ont rejeté les accusations portées contre eux et devraient faire appel. (Stephen Kalin; Henri-Pierre André pour le service français)