* Le chef de l'Etat refuse toujours un retrait du texte

* L'article 2 sera maintenu, dit-il dans Sud Ouest

* Il demande aux syndicats de ne pas bloquer le pays

* Martinez (CGT), sur RTL, se dit prêt à "rediscuter"

PARIS, 31 mai (Reuters) - François Hollande réaffirme dans un entretien publié mardi dans Sud Ouest son refus d'un retrait de la loi Travail et sa détermination à préserver les "principes" de l'article 2, socle du texte controversé.

Le chef de l'Etat ne dit mot des biais possibles pour sortir de la crise sociale qui perdure contre la loi défendue par la ministre Myriam El Khomri, au coeur d'une semaine marquée par divers mouvements sociaux, dans les transports notamment.

"Le projet de loi ne sera pas retiré. La philosophie et les principes de l'article 2 seront maintenus", dit-il dans cet entretien accordé avant sa venue à Bordeaux pour l'inauguration de la Cité du Vin.

"Cet article prévoit que l'accord d'entreprise, pour être valide, devra être approuvé par les syndicats qui représentent une majorité de salariés. C'est un verrou très sérieux", justifie de nouveau le chef de l'Etat.

L'examen parlementaire ira "à son terme", souligne-t-il.

"Le débat qui va s'ouvrir la semaine prochaine au Sénat sera intéressant : nous verrons ce que la droite proposera en matière de droit du travail puisqu'elle y est majoritaire. La comparaison fera sans doute progresser la raison", estime François Hollande.

Clé du texte, l'article 2 réécrit les dispositions du Code du travail relatives à la durée et l'organisation du travail et donne la primauté à la négociation d'entreprise pour adapter ces règles.

A l'instar du Premier ministre, Manuel Valls, le président n'exclut pas, en seconde lecture, un nouveau recours au 49.3 de la Constitution qui permet l'adoption d'un texte sans vote à l'Assemblée nationale.

"Je préférerais que le texte soit adopté sans y avoir recours. Mais pas au prix d'un renoncement", déclare-t-il.

"IL FAUT REDISCUTER", DIT MARTINEZ

"Les premières concertations sur ce projet de loi Travail ont commencé en novembre dernier. Après six ou sept mois de débats, qui osera dire que le gouvernement sera passé en force?", lance-t-il.

Lundi soir, dans un débat sur RTL avec son homologue de la CFDT, Laurent Berger, qui défend le projet de loi El Khomri, le numéro un de la CGT a semblé faire un pas vers le gouvernement.

Jusqu'ici arc-bouté sur sa demande de retrait du texte, Philippe Martinez s'est dit ouvert à la discussion.

"Il y a besoin de rediscuter sur les points que j'ai expliqués très clairement : l'inversion de la hiérarchie des normes, le périmètre des licenciements économiques, les accords de compétitivité par anticipation, les questions de référendum", a-t-il dit.

"Je récuse l'idée que c'est nous qui refusons", a-t-il poursuivi, ajoutant que "la balle" était "dans le camp" du gouvernement. "Il faut rediscuter", a-t-il affirmé.

"Si on attend d'avoir le bon patronat en face, le bon gouvernement en face, on ne s'en sortira pas syndicalement", a jugé Laurent Berger pour sa part.

François Hollande demande dans Sud Ouest que les mouvements sociaux ne bloquent pas le pays. "Les Français doivent pouvoir circuler."

Le chef de l'Etat précise en outre qu'il "n'acceptera jamais que l'on caricature le syndicalisme dans notre pays par des propos inappropriés", une allusion aux virulents propos du président du Medef, Pierre Gattaz, qui qualifie de "terroristes" les syndicats opposés à la réforme du Code du travail.

Il dit "faire confiance à la responsabilité de chacun" s'agissant de possibles répercussions sur le bon déroulement de l'Euro de football, qui débute le 10 juin en France, et ajoute que "la menace reste celle du terrorisme". (Elizabeth Pineau et Jean-Baptiste Vey, édité par Sophie Louet)