BUDAPEST, 17 septembre (Reuters) - Le gouvernement hongrois soumettra de nouvelles lois au Parlement la semaine prochaine pour mettre fin à son différend avec la Commission européenne et débloquer l'accès du pays aux fonds de l'UE, a déclaré samedi le chef de cabinet du Premier ministre Viktor Orban.

L'exécutif européen va recommander la suspension de milliards d'euros destinés à la Hongrie en raison de problèmes de corruption, ont déclaré deux responsables à Reuters mercredi, dans ce qui serait la première mesure de ce type prise contre Viktor Orban.

Jeudi, une grande majorité des législateurs européens ont voté pour condamner les atteintes à la démocratie en Hongrie sous le régime du dirigeant, au pouvoir depuis 2010, intensifiant ainsi la pression sur l'Union européenne pour qu'elle réduise les fonds à destination de l'ancien pays communiste.

Dans l'espoir de sortir de l'impasse, qui a mis sous pression le forint et les marchés obligataires, Budapest a annoncé qu'elle créerait une autorité anticorruption et un groupe de travail avec des groupes non gouvernementaux pour superviser les dépenses des fonds européens.

"Le gouvernement a soit accepté les demandes de la Commission européenne, soit - dans les domaines où nous ne pouvions pas les accepter - nous avons réussi à trouver un compromis satisfaisant pour les deux parties", a déclaré le chef de cabinet de Viktor Orban, Gergely Gulyas, lors d'un point presse.

"Lors de la réunion d'aujourd'hui, le gouvernement a discuté de ces engagements et les a approuvés", a-t-il ajouté, précisant que le gouvernement Orban demanderait au Parlement d'adopter la législation correspondante par une procédure accélérée.

Les nouvelles lois devraient entrer en vigueur en novembre, ce qui pourrait - selon Gergely Gulyas - marquer la fin des sanctions contre la Hongrie, l'accès à des milliards d'euros étant en jeu.

DES PLAFONNEMENTS DE PRIX PROLONGÉS

"Au lieu d'une méfiance mutuelle, la série constructive de négociations avec la Commission au cours des deux derniers mois peut être considérée comme un pas vers la confiance mutuelle", a-t-il dit, ajoutant que la Hongrie attendait la décision de l'UE avec un "calme parfait".

Selon l'agence anti-fraude de l'UE, la Hongrie a enregistré de loin le plus grand nombre d'irrégularités dans l'ensemble du bloc en matière de dépenses de fonds européens entre 2015 et 2019. Bruxelles réclame depuis longtemps la transparence, la concurrence et la responsabilité dans les marchés publics hongrois.

La Hongrie a en outre prolongé de trois mois, jusqu'à la fin de l'année, le plafonnement des prix des carburants et des denrées alimentaires de base afin de protéger sa population contre l'inflation galopante.

Budapest a vivement critiqué les sanctions de l'Union européenne à l'encontre de la Russie à la suite de l'invasion de l'Ukraine, affirmant qu'elles n'ont pas réussi à affaiblir Moscou de manière significative tout en provoquant une flambée des prix des denrées alimentaires et de l'énergie.

Combinées à la chute du forint à des niveaux records, les hausses de prix ont propulsé l'inflation en Hongrie à des sommets inégalés depuis deux décennies, obligeant la Banque nationale à relever fortement son taux de base à 11,75%. (Reportage Gergely Szakacs et Krisztina Than, version française Benjamin Mallet)