"Comment expliquez-vous la chute des marchés actions au troisième trimestre qui a pris de court de nombreux gérants ?
Les marchés avaient mis des lunettes roses au premier trimestre grâce à une conjonction inhabituelle de facteurs a priori favorable aux économies européennes : baisse de l’euro et du pétrole, assouplissement monétaire de la BCE. Cette phase de surchauffe, où les prévisions des analystes étaient constamment revues à la hausse, s’est arrêtée à partir du moment où les taux ont atteint un point bas, début avril. Elle a été suivie d’attentisme liée à la résurgence de la question grecque et à une légère remontée des taux. Même si les indicateurs économiques ont continué à s’améliorer au sein de la zone euro, il y a aujourd’hui beaucoup d’incertitudes sur la poursuite des tendances favorables du début d’année. La Fed, l’OCDE et le FMI ont abaissé leurs prévisions de croissance pour 2016 et les marchés commencent seulement à intégrer ces révisions à la baisse.

Qu’anticipez-vous pour la fin d’année ?
Nous n’avions pas parié sur l’accélération de la croissance en Europe et nous continuons à penser que la reprise sera molle. Par ailleurs le manque de visibilité est tel aujourd’hui qu’il est très risqué de prendre un pari sectoriel. S’il y a encore des gens qui sont prêts à prendre du risque ce n’est pas notre cas. Nous cherchons surtout des valorisations attractives et allégeons les secteurs que nous considérons trop chers, comme le secteur pharmaceutique. Nous avons très peu de valeurs cycliques (auto, pétrole). D’un point de vue géographique nous préférons les valeurs domestiques européennes, notamment le marché français des mid-cap, moins sensible à l’environnement international.

En-dehors du marché français, quels pays regardez-vous plus particulièrement ?
Nous avons un peu augmenté nos investissements sur l’Europe du Sud, notamment en Italie, mais il est difficile à l’heure actuelle d’y trouver des opportunités à des valorisations attractives. Cependant nous allons suivre avec intérêt les prochaines introductions en bourse : Poste Italiane, en Italie, Worldpay, Ibstock en Angleterre, Hapag Lloyd en Allemagne, ou encore Intertrust aux Pays-Bas. Nous regardons aussi les placements secondaires de la part des fonds de private equity.

Un mot sur la performance de vos fonds depuis le début de l’année…
Tous les fonds sont au-dessus de leurs indices de référence. Mais c’est une année favorable pour les gestions actives. Environ 70% des gérants européens surperforment leur indice de référence depuis le début de l’année. Quatre de nos fonds se distinguent particulièrement de la concurrence : Tocqueville Value Europe, Tocqueville Mégatrends, Tocqueville Odyssée, Tocqueville Ulysse. Ces bonnes performances sont liées à notre style de gestion axé sur les mid-cap et les valeurs décotées, mais aussi au fait que nous n’avons pas « joué » la reprise mondiale.
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