"Le scandale du « dieselgate » a déjà fait perdre à Volkswagen 25 milliards d’euros de capitalisation boursière, plus que l’amende envisagée par les autorités américaines (18 milliards de dollars). Cette correction est-elle justifiée selon vous ?
Ce genre d’événement entraîne généralement des flux vendeurs importants, auxquels s’ajoute une part de spéculation. Pour simplifier, on peut dire que Volkswagen est aujourd’hui dans une situation de « value trap », une trappe de valeur, qui caractérise des sociétés objectivement peu chères, mais aux perspectives relativement mauvaises. De plus, l'incertitude quant aux coûts finaux (financiers, mais aussi de complexité, et de réputation) rend actuellement difficile l'exercice de trouver une valorisation "d'équilibre" de l’entreprise. Même si le groupe a rapidement annoncé des provisions pour amortir le coût des rappels,  il est incapable pour le moment de chiffrer le montant des amendes qu’il va devoir payer. Il a par ailleurs dû suspendre la commercialisation de certains de ses véhicules diesel aux Etats-Unis, car ils ne respectent pas les normes. Cela va entraîner une baisse des volumes et aura donc un impact sur la marge, l’automobile étant largement une industrie à coûts fixes. Pour ces raisons il est risqué d’investir sur le titre à l’heure actuelle, en dépit de sa faible valorisation instantanée.

Quelles peuvent être les conséquences à long terme sur le groupe ?
Financièrement Volkswagen a les moyens d’amortir le choc. Il lui suffit de réduire le montant de ses investissements ou de ses énormes dépenses en R&D, bien supérieurs à ceux de tous les autres constructeurs, ou encore de céder les participations qu’il détient dans différentes entreprises, comme il a d’ailleurs commencé à le faire. Il va en revanche devoir reconstruire son image de marque, qui a été sérieusement écornée. L’affaire pourrait également avoir des effets indirects négatifs sur certains concurrents de Volkswagen sur le diesel et certains fournisseurs de composants. A l'inverse, les constructeurs et équipementiers en avance dans le domaine des véhicules à zéro ou faibles émissions en ressortiront probablement renforcés.

Qui est le mieux placé selon vous ?
En Europe, Daimler présente le rating Equity GPS le plus élevé du secteur. De plus probablement le constructeur le plus avancé dans les Plug-in Hybrid (hybrides rechargeables) dans laquelle toute sa gamme sera déclinée d'ici 2017. Cette innovation technologique permet une énorme réduction de la consommation de carburant et des émissions de CO2, contrairement aux hybrides non rechargeables, sans présenter les inconvénients des véhicules tout électriques (autonomie encore limitée). Le titre a un peu souffert dans les remous créés par l’affaire Volkswagen bien que Daimler ait clairement indiqué qu’il n’était pas concerné. Si la vague de nouveaux modèles hybrides rechargeables mis sur le marché par le groupe dans les 24 prochains mois rencontrait le succès commercial, alors le titre Daimler pourrait en bénéficier considérablement."