"Quelle importance accordez-vous au dividende dans votre stratégie d’investissement en actions ?
Nous sommes d’avis que le dividende constitue l’élément clé de la rentabilité d’un portefeuille actions. Autrement dit, la majeure partie du rendement d’une action vient de son dividende.

Il y a lieu selon vous de se méfier de certaines valorisations d’actions à dividende aujourd’hui ?
La thématique du dividende est devenue de plus en plus importante dans les stratégies d’investissement en actions ces dernières années, dans un environnement où les rendements sont quant à eux devenus plus bas dans leur globalité. Certaines actions défensives ont été tellement plébiscitées par les investisseurs qu’elles n’ont plus à présent de support de valorisation suffisant. Les actions des foncières, par exemple, ont tellement remonté en Europe sous l’impulsion de la baisse des taux de long terme qu’il est requis désormais de se méfier d’un risque de retournement à moyen terme notamment en cas de hausse des taux.

Est-ce à dire que vous n’êtes pas sur le segment des foncières ?

Presque rien. La plupart des actions du segment de l’immobilier coté sont devenues hors de prix et donc très sensibles à un revers.
D’aucuns jouent le marché immobilier coté en Allemagne ?
L’effet de rattrapage que l’on aurait pu espérer sur les foncières allemandes a été largement joué par le marché.

Iriez-vous jusqu’à parler de surchauffe sur ce secteur immobilier ?
Nous pouvons le dire ainsi.

Quel est votre sentiment au sujet des autres grands secteurs distributeurs de dividende, comme le secteur bancaire, les télécoms, les utilities ?

Nous avons un certain intérêt pour le secteur bancaire. Nous constatons une amélioration des données économiques dans la zone euro. Or ce secteur est sensible à la conjoncture. Les crédits devraient être plus abondants aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises.
De plus, les valorisations présentent encore un potentiel de rebond. Ce d’autant plus qu’il nous semble que la plus grande partie de la dilution pour les actionnaires découlant des augmentations de capital a été faite. Il y a lieu, qui plus est, de s’attendre à une normalisation à moyen terme des charges pour litiges. Nous avons pu voir à l’annonce des résultats annuels de bonnes surprises au niveau du versement des dividendes après des coupures significatives consécutives à la crise financière. La volonté de partager la génération des profits avec les actionnaires devient progressivement une réalité. Nous pensons que des opportunités sont à saisir dans l’ensemble de l’Europe, Royaume et Suisse compris, aussi bien dans la filière banque d’investissement que banque commerciale.

Nous avons considérablement réduit notre exposition aux télécoms et aux utilities. Le secteur des télécoms est l’archétype du secteur traditionnellement distributeur de dividende dans lequel on trouve très peu de valorisations attrayantes. Le marché a amplement pris en compte la reprise des profits de la part des grands opérateurs télécoms. Les anticipations sont à présent assez élevées. Elles risquent grandement de ne pas être pleinement atteintes. Nous n’avons conservé que quelques titres dans les pays périphériques à la zone euro et en Europe du nord.

Dans les utilities, le segment des opérateurs de traitement de l’eau a connu un fort rallye sur fond d’une vague de restructuration et d’une hausse de la profitabilité. Les cours de bourses apparaissent tendus. Nous n’y sommes pas exposés.
Notre positionnement est assez faible sur les distributeurs d’électricité que nous jugeons sensibles aux taux.
Nous sommes plutôt neutres sur les générateurs d’électricité. Alors que d’un coté, ces entreprises sont fragilisées momentanément par la diminution des prix du pétrole et du gaz, elles ont le mérite de lancer des initiatives pour renforcer leur bilan ou maintenir des marges favorables dans un environnement difficile en minimisant les couts.

Quels sont les autres secteurs que vous évitez ?
Nous sommes très sélectifs sur les secteurs qui sont sensibles à l’évolution des taux. C’est le cas par exemple du secteur de consommation de base (alimentation, boisson), et de la pharmacie. Face à une croissance et à une inflation faible il est crucial de considérer le potentiel de protection du capital futur et pas passé. Notre exposition sur ces secteurs est soit nulle soit très limitée. Nous admettons que les niveaux de valorisation sur ces secteurs ne sont plus protecteurs.

Vous avez clairement une préférence pour des actions cycliques à dividende ?
Nous trouvons une meilleure marge de sécurité au niveau des valorisations. De nombreuses entreprises cycliques, notamment dans le secteur industriel, ont sous investi ces dernières années. Leur bilan est donc sain. La reprise de la croissance et la remontée de l’inflation donnent la capacité à ces entreprises d’augmenter leur « pricing power », et par là leur profitabilité et le versement de rendement aux actionnaires contrairement aux entreprises défensives. Plus précisément nous aimons le secteur des transports.
Vous n’êtes pas favorables au secteur automobile et au secteur de la chimie ?
Les niveaux de valorisations nous paraissent élevés sous l’effet de la baisse du cours du pétrole, de la hausse du pouvoir d’achat, et de la relance économique qui en découle.


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