"Quel bilan tirez-vous de l’évolution des actions européennes en 2014 ?
Au début de l’année 2014, nous étions positifs sur les actions européennes dans la mesure où nous escomptions une croissance économique légèrement au dessus de 1%. Au fil des mois nous avons été confrontés à des statistiques décevantes. Nous sommes passés de surpondérés à neutres sur la classe d’actifs. Nous maintenons ce positionnement en ce début d’année 2015.

Quels vous paraissent être les principaux facteurs de soutien pour les actions européennes cette année ?
La dépréciation de l’euro, l’amoindrissement des couts de refinancement ainsi que la forte chute du prix du pétrole devraient aider l’amélioration des résultats des entreprises européennes. Cependant ce soutien vaut également pour d’autres entreprises, notamment les entreprises américaines. La vision doit donc être globale quant à ces atouts.

Comment voyez-vous évoluer la parité euro dollar et le pétrole au cours des trimestres à venir ?
Nous étions sur une cible de parité de 1,18, autrement dit ce que nous observons présentement. Nous serons certainement amenés à réviser cet objectif. Ceci étant, il est vraisemblable que face à la vive dépréciation de l’euro et à l’augmentation importante des surplus commerciaux qui s’en suivent, d’autres pays se mettent à réagir et contribuent à enrayer la diminution de la valeur de la monnaie unique.

Je suis d’avis que le cours du pétrole peut encore tomber plus bas. Nous pourrions assister d’ici six mois à un ajustement du surplus de production et voir une remontée du cours du baril.

Qu’attendez-vous sur le front de la progression des bénéfices des entreprises européennes ?
Un accroissement des profits de 9% me parait atteignable. Je me m’attends à guerre beaucoup plus face à une croissance économique qui devrait demeurer modérée.

Peut-on espérer une extension supplémentaire des multiples ou une élévation du dividende moyen aujourd’hui de 3% ?
Une expansion des dividendes pourrait être notée pour certaines entreprises. C’est d’ailleurs une thématique que nous jouons.

La thématique des fusions acquisitions pourrait elle être un moteur additionnel pour les actions européennes cette année ?
Je pense que ce ne sera pas un moteur puissant. Les opérations se feront au cas par cas. Je n’anticipe pas une vague massive.

D’aucuns tablent sur un rendement final de 20% pour le segment ?
Cela me semble trop optimiste particulièrement à la vue de la performance des actions européennes ces dernières années. Les valorisations sans être exagérées ne sont pas bon marché.

Quels vous semblent être les principaux risques ?

Les risques de nature politiques avec les élections grecques, britanniques, françaises, espagnoles. Ces différents rendez vous alimenteront les incertitudes des investisseurs quant à une montée au pouvoir des partis hostiles à l’Europe, et quant à une sortie de l’Union européenne ou de la zone euro.
Ailleurs dans le monde, la situation continue d’être instable en Ukraine.

Pensez-vous que l’issue des élections parlementaires en Grèce le 25 janvier pourrait ouvrir la porte à une nouvelle crise de la dette au sein de la zone euro ?
Il y a aujourd’hui beaucoup de bruit qui est fait autour de cette échéance ce qui justifie en partie la nervosité des investisseurs en ce début d’année. Néanmoins à l’arrivée, nous accordons une probabilité minime à la sortie de la Grèce de la zone euro si l’on analyse de près les scénarii plausibles. Même si Syriza  remporte la victoire, ce qui est très probable, il devra gouverner avec une coalition et ainsi arrondir les angles. De plus, je crois qu’il est envisageable qu’un compromis qui finalement convienne à l’ensemble des parties prenantes puisse être atteint.

Quel regard portez-vous sur le comportement de l’Allemagne sur ce dossier ?

De nombreux responsables politiques d’autres Etats membres ont critiqué les propos tenus par les dirigeants allemands ce week end selon lesquels il était admissible de concevoir une sortie de la Grèce de la zone euro. Certains de ces derniers mêmes ont opéré un rétropédalage.

Selon vous, la BCE pourrait décevoir le marché ?

De nombreux opérateurs s’attendent un programme d’achat de titres souverains (quantitative easing QE) en ce début d’année et préjugent que celui-ci apportera une grande bouffée d’oxygène à la zone euro. Le risque n’est pas négligeable de voir de mauvaises surprises sur le plan de la taille ou des modalités de déploiement de ce QE.

Quid du risque de déflation ?
La menace est moins grande qu’elle ne l’était en 2014 en raison des facteurs d’appui à la croissance au sein de la zone euro. D’ailleurs certains Instituts ont révisé à la hausse leur prévision de hausse du PIB pour certains Etats membres comme la France.
Du fait du vif repli du cours du pétrole, une inflation négative s’est dernièrement dessinée au sein de la région. Il y a lieu de surveiller si cela aura une répercussion sur les anticipations d’inflation. Si le décrochage de ces anticipations relevé ces derniers mois s’accélère la menace déflationniste regagnera de l’ampleur.

Quelles sont les thématiques d’investissement à jouer ?
Les valeurs qui versent un dividende en croissance et qui est de nature à perdurer. Si la reprise de la croissance se confirme, les petites et moyennes capitalisations boursières devraient surperformer les grandes capitalisations. Le secteur des financières constitue également un réservoir d’opportunités. De nombreux titres sont très décotés par rapport à la valeur d’actifs"