Imprimer la page

Hervé Bacheré, division Enquêtes thématiques et études transversales, Insee

Résumé

En 2012, 47 % des sociétés des secteurs principalement marchands ont réalisé des investissements corporels. C'est le cas de 31 % des sociétés sans salarié et 62 % de celles employant de 1 à 9 salariés. Les petites sociétés subissent davantage de contraintes économiques : un quart de celles qui n'ont pas investi dégagent un excédent brut d'exploitation nul ou négatif. La part d'unités qui investissent culmine à 64 % dans l'industrie et l'hébergement-restauration. L'investissement est très concentré : 1 % des sociétés qui investissent concentrent 75 % des investissements.

Publication En 2012, moins d'une société sur deux a investi

des secteurs principalement marchands, hors agriculture et finance, 1,1 million ont réalisé des bruts hors apports, soit 47 % des sociétés. Le montant total de ces investissements bruts hors apport s'élève à 183 milliards d'euros.

Ainsi une société sur deux ne réalise aucun investissement corporel (). Ce résultat s'explique par la faible proportion de petites unités qui investissent : 31 % des sociétés parmi les 1,2 million d'unités qui n'emploient aucun salarié et 62 % parmi les 1,0 million d'unités comptant de 1 à 9 salariés. Par contre, les plus grosses structures investissent presque toutes ; c'est le cas de 90 % des sociétés de 10 à 249 salariés et 95 % des sociétés de 250 salariés ou plus.

La proportion d'unités qui investissent varie de 27 % dans l'immobilier à 64 % dans l'industrie et dans l'hébergement-restauration. Les écarts entre les secteurs tiennent en partie à un effet de structure : l'immobilier, de même que les services aux particuliers et ceux aux entreprises, compte beaucoup de petites sociétés. Mais la propension à investir est également liée aux spécificités du secteur d'activité. Ainsi l'immobilier est le deuxième secteur qui investit le plus, alors qu'il est celui qui compte la plus forte proportion d'unités n'investissant pas. En effet, le secteur est composé de nombreuses petites sociétés civiles immobilières (SCI) qui investissent une année donnée et qui par la suite gèrent uniquement le patrimoine. On retrouve notamment dans ces SCI le patrimoine des entreprises relevant d'autres secteurs.

Les résultats observés ne sont pas spécifiques à l'année 2012. Ainsi, de 2009 à 2012, 43 % des sociétés n'employant aucun salarié n'ont jamais investi sur la période et 21 % ne l'ont fait qu'une seule fois. À l'opposé, 78 % des sociétés de 10 salariés ou plus ont investi chaque année. Si un entrepreneur individuel peut se permettre, notamment sur certains métiers de services, de n'investir que rarement après son installation, cette situation n'est pas soutenable pour les plus grosses structures pour lesquelles les investissements sont une nécessité.

La contrainte économique freine l'investissement des petites sociétés

Au-delà des spécificités liées au secteur d'activité, si une partie importante des petites sociétés n'investit pas, cela peut être lié à une contrainte économique. Ainsi, l'excédent brut d'exploitation (EBE), qui permet notamment de financer l'investissement, est nettement plus faible pour les sociétés non investisseuses. Par ailleurs, un quart des sociétés de moins de 10 salariés qui n'investissent pas ont un EBE nul ou négatif (1er quartile). Ceci écarte toute possibilité d'investir par l'autofinancement ou via l'endettement, l'obtention d'un prêt étant plus difficile dans ces conditions (). Parmi les sociétés sans salarié, l'EBE médian des unités qui ont investi est supérieur de 30 % à celui des unités qui ne l'ont pas fait : parmi les sociétés de 1 à 9 salariés l'écart est de 100 %.

Les montants investis par les petites unités sont faibles, en lien avec le niveau de leur activité. Pour un quart des sociétés sans salarié, l'investissement est inférieur à 900 euros, et pour une sur deux il est inférieur à 2 900 euros (). Le montant investi médian des sociétés de 1 à 9 salariés est près de deux fois supérieur à celui des unités non employeuses ; celui des unités de 10 à 249 salariés l'est près de treize fois plus. Le montant médian de l'investissement s'élève à plus de 2 millions d'euros pour les sociétés de 250 salariés ou plus.

1 % des investisseurs concentrent 75 % de l'investissement

En 2012, 1 % des sociétés ayant investi concentrent 75 % des investissements (). Les 11 400 sociétés concernées ont dépensé chacune plus de 1,2 millions d'euros. La concentration s'accentue si l'on tient compte des liens de groupe unissant certaines sociétés. Ainsi, si l'on considère comme une seule entreprise l'ensemble des sociétés appartenant au même groupe, 1 % des entreprises investisseuses rassemblent 84 % de l'investissement corporel national. En particulier, dix entreprises concentrent à elles seules 39 milliards d'investissements ().

C'est dans le secteur des transports que la concentration est la plus forte (1 % des entreprises cumulent 91 % des investissements) et dans le commerce qu'elle est la plus faible (1 % des entreprises concentrent 74 % des investissements).

Sur les 183 milliards d'euros investis au niveau national en 2012, l'État a un poids non négligeable par l'intermédiaire des entreprises dont il est actionnaire majoritaire : celles-ci pèsent pour près de 30 milliards, notamment grâce à EDF, la SNCF ou la RATP.

Les résultats sont issus du dispositif d'Élaboration des statistiques annuelles d'entreprises (Ésane).

Investissements corporels : augmentations des immobilisations corporelles, consécutives à des acquisitions ou des créations. Les immobilisations corporelles des entreprises sont des actifs physiques destinés à être utilisés durablement par l'entreprise comme moyens de production. Elles comprennent notamment les constructions, les installations techniques, le matériel et l'outillage industriels.

distributed by