Une domination sans conteste

Contrairement à la bulle internet de 2000, le secteur de l’IA évolue dans un contexte très défavorable aux levées de fonds. Combiné à ce manque de financement, le développement de modèles d’IA et des technologies dédiées à leur fonctionnement demande d’importants moyens techniques et financiers. Les principaux financements provenant des GAFAM, en concurrence dans le développement de leurs modèles propriétaires, nos acteurs nationaux sont à la peine.

Un acteur français fait exception : Mistral AI. Fondée par d’anciens de Google et Meta, en avril 2023, la start-up lève 385 M€ fin 2023 et est valorisée à 2 milliards. Ce succès s’explique par l’efficience de ses modèles, plus flexibles et moins gourmands que ses concurrents. Bien que la pépite française ne soit pas listée, il est bon de garder un œil attentif sur son développement futur. 

A ce jour, le marché parisien ne compte aucun acteur coté dans le développement de système de langage. Pour investir via son PEA, il faudra se tourner vers le hardware, où certains acteurs français se positionnent comme fournisseurs de composants dédiées aux technologies d’IA. Or, seuls NVIDIA, et AMD dans une moindre mesure, semblent réellement profiter des investissements massifs des GAFAM. Côté français, les fleurons industriels du secteur des semis conducteurs, STMicroelectronics et Soitec en tête, n’ont pas profité de ces commandes massives en raison d’une gamme de puces peu adaptée aux technologies d’IA.

acteurs semi conducteurs

Les GPU de NVIDIA et AMD règnent en maître

Des Small caps aux perspectives incertaines

Certaines Small caps, plus agiles et positionnées notamment sur les marchés du stockage de données ont un fort potentiel. C’est le cas de 2CRSi, fournisseur de serveurs écoénergétiques, engrangeant de nombreux contrats suite à l’adaptation de son offre aux besoins liés à l’essor de l’IA.

Après un parcours boursier catastrophique en 2023, touchant un plus bas à 0,70€, le cours signe une performance record en ce début d’année avec une hausse de 160%, autour des 4€. Le besoin croissant de solutions de stockage basse consommation permet désormais à la société de s’assurer une forte croissance de ses activités, avec un triplement de son CA à horizon 2026.

Il ne faudra cependant pas rêver d’un parcours à la NVIDIA pour le petit poucet français. Par essence, les activités d’assemblages dégagent de faibles marges brutes, de l’ordre de 2% pour 2CRSi. Les investisseurs devront rester attentifs au type de financement choisi par la Direction afin d’accompagner la montée en puissance de la société. Une prochaine augmentation de capital pourrait être un timing d’entrée opportun sur le titre.

A moyen terme, le parcours de 2CRSi dépendra fortement de sa capacité à réussir sa transition vers des activités de services, plus rentables.

cours Kalray et 2CRSi

Des Small Caps à la peine, aux perspectives encore incertaines

Un autre acteur français tente également de profiter de la forte demande en stockage par les géants américains : Kalray. Le spin-off du CEA a tout pour plaire, avec une technologie mâture et un profil fabless. Pénalisée par des déceptions à répétition concernant la croissance de ses revenus, la société ne parvient plus à convaincre les marchés, avec une baisse de 15% depuis le début d’année. Malgré une communication fortement axée sur l’IA, les ventes de Kalray sur ce segment ne décollent pas, sans réels objectifs chiffrés.

Les investisseurs français seraient-ils condamnés à miser sur des sociétés peu ou pas rentables, aux perspectives incertaines afin de diversifier leur PEA ?

Une technologie à fort effet de halo

Bien que l’attention soit portée sur les sociétés impliquées dans le développement des technologies d’IA, leur intégration à l’ensemble de l’économie bouleverse les règles dans de nombreux domaines et certaines sociétés françaises ont pris les devants.

C’est le cas de Publicis, via le lancement de sa plateforme CoreAI et l’investissement de 300 M€ dans la formation de ses salariés et dans les technologies d’IA. Le groupe prévoit d’améliorer l’efficacité de ses salariés et de répondre plus rapidement aux demandes de ses clients grâce à la centralisation des données. L’effet du déploiement de l’IA à grande échelle sur les marges sera scruté de près lors des prochaines publications.

A contrario, l’IA pourrait avoir un impact négatif sur les activités de certaines sociétés. Pour exemple, le fort recul du cours de Teleperformance en 2023 suite aux craintes d’une perte de compétitivité de l’offre du leader de la relation client.

ia illustration

Les technologies d'IA impacteront les activités et les performances de la majorité des sociétés cotées

Pour les investisseurs les plus téméraires, l’investissement dans les quelques fournisseurs français de matériels dédiés à l’IA à destination des géants américains permettra d’augmenter son exposition au déploiement de la technologie. Le faible nombre d’acteurs concernés et leur profil Small caps nécessitera un suivi attentif de leurs annonces et publications afin de limiter les risques.

Plus globalement, les technologies d’IA sont amenées à prendre une place croissante dans la plupart des activités et auront un impact significatif sur les marges et les revenus. Il sera important d’inclure l’enjeu du déploiement de l’Intelligence Artificielle ainsi que son impact sur les activités dans vos analyses.