par Tom Perry et Laila Bassam

DAMAS, 9 février (Reuters) - L'offensive menée par l'armée syrienne dans la région d'Alep vise à libérer cette ville des groupes rebelles et à assurer la sécurité à la frontière avec la Turquie, a déclaré mardi à Damas Bouthaina Chaabane, conseillère politique du président Bachar al Assad.

"Nous voulons contrôler la frontière avec la Turquie parce que la Turquie est la plus grande pourvoyeuse de terroristes", a-t-elle dit au cours d'un entretien avec Reuters dans ses bureaux de la capitale syrienne.

Les propositions de cessez-le-feu, a-t-elle ajouté, n'ont guère de chances d'aboutir car elles sont avancées par des pays qui "ne veulent pas mettre fin au terrorisme" et cherchent au contraire à soutenir les insurgés qui reculent sur le terrain.

L'offensive gouvernementale, appuyée par les bombardements aériens russes, a permis aux loyalistes de se rapprocher d'un point de passage frontalier avec la Turquie emprunté depuis des années par les rebelles.

Cette offensive va continuer sur le même rythme "afin de libérer les villes et les villages contrôlés depuis trois ans et demi par les terroristes et tenter aussi de libérer Alep", a poursuivi Bouthaina Chaabane.

Les Nations unies ont fait part de leur inquiétude pour les 300.000 civils qui vivent dans les quartiers d'Alep tenus par la rébellion et manqueraient de tout si l'armée parvient à encercler totalement la ville.

Des dizaines de milliers de personnes ont déjà fui la région en direction de la Turquie mais la plupart restent bloquées à la frontière.

Ankara, a ajouté la conseillère du président syrien, se sert de la crise des réfugiés pour soumettre les Etats européens à un chantage.

"AMBITIONS OTTOMANES"

Pour elle, les "ambitions ottomanes" de la Turquie sont la cause principale de la guerre en Syrie, qui a fait 250.000 morts et jeté onze millions de personnes sur les routes de l'exode depuis mars 2011.

"La solution à la crise des réfugiés, c'est le rétablissement de la sécurité en Syrie et je sais bien que la majorité des Syriens rêvent de rentrer dans leur pays."

"Mais on a affaire à une agression turque. Les Etats européens et l'Occident doivent comprendre que le problème, c'est la Turquie. Le problème, c'est le gouvernement (du président Recep Tayyip) Erdogan, qui ne peut pas contribuer à la recherche d'une solution."

L'armée syrienne et ses alliés ont également marqué des points ces dernières semaines dans la province de Lattaquié et dans celle de Deraa, dans le sud du pays, près de la Jordanie.

"Nous espérons que les opérations vont se poursuivre sur cet élan dans le Nord, jusqu'à ce que nous contrôlions la frontière avec la Turquie pour empêcher ce pays de continuer à envoyer des terroristes sur notre sol", a souligné Bouthaina Chaabane.

Elle n'a pas caché sa perplexité quant aux tentatives de négociations sous l'égide de l'Onu: "S'il y avait vraiment eu une volonté internationale, cela fait des années que la crise aurait été réglée".

"Les Etats qui soutiennent les terroristes en Syrie, qui sont derrière leur financement et leur armement, continuent de les financer et de les armer et les efforts diplomatiques ne peuvent donc aboutir", a-t-elle estimé.

Ces Etats veulent un cessez-le-feu "pour nous empêcher de faire ce qui est le plus important: lutter contre le terrorisme." (Guy Kerivel pour le service français, édité par Tangi Salaün)