* Le ministre des Affaires européennes se félicite du soutien de Bruxelles

* Les financements européens passeraient à 40%, contre 6% dans le projet initial

* Un chantier emblématique du Grenelle de 2008

* Les résultats de la mission Pauvros attendus dans les prochaines semaines

par Julien Ponthus et Gilles Guillaume

PARIS, 5 novembre (Reuters) - Le gouvernement s'est montré confiant mardi de voir aboutir le projet du canal Seine-Nord, l'Europe ayant revu en hausse sa participation financière à un projet suspendu à cause du gonflement de sa facture.

Le canal, l'un des chantiers emblématiques du Grenelle de l'environnement en 2008, doit relier les bassins de la Seine au nord de l'Europe et convertir une partie de la circulation des poids lourds en trafic fluvial. Mais le projet a été gelé en mars par le gouvernement, le coût du chantier étant monté selon lui à plus de sept milliards d'euros, contre une facture initiale de quatre milliards.

"Je suis très confiant compte tenu de ce que la Commission européenne a fait une ouverture qu'elle n'avait jamais faite par le passé sur ce dossier, cela marque une volonté politique des autorités européennes d'accompagner lourdement la France sur une grande infrastructure", a déclaré à Reuters Thierry Repentin, ministre des Affaires européennes.

Pour que le projet voie le jour, la France avait demandé une aide européenne de 1,3 milliard d'euros, représentant 30% de la part publique du financement du projet, contre une contribution de l'Europe à hauteur d'environ 6% dans la mouture initiale.

Elle a finalement obtenu lors d'un conseil européen des Transports à Tallin (Estonie) le 17 octobre que des financement européens pouvant aller jusqu'à 40% des coûts de construction seraient mobilisables, comme pour la ligne ferroviaire Lyon-Turin.

Ce sont les deux seuls grands travaux en France bénéficiant de telles subventions européennes pour le programme d'investissement 2014-2020.

"Avec un tel taux, cela va aussi inciter des collectivités locales qui rechignaient - en disant 'nous n'arriverons pas à faire le tour de table financier' - à revoir considérablement leur position", a ajouté Thierry Repentin.

Le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, a également confié en mars au député Rémy Pauvros une mission pour reconfigurer le projet, long de 106 kilomètres, dans ses aspects techniques. Selon Thierry Repentin, l'élu socialiste du Nord remettra ses propositions "dans les semaines qui viennent".

L'appel d'offres initial prévoyait un montage en partenariat public-privé auquel les trois groupes de BTP Vinci, Bouygues et Eiffage avaient l'intention de postuler.

Si le coup d'envoi du projet est donné en 2014, la mise en service du canal pourrait intervenir en 2020. Dans sa première mouture, le projet devait créer 4.500 emplois directs le temps du chantier et 25.000 emplois durables dans la logistique, l'industrie et le transport. (Edité par Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : BOUYGUES, EIFFAGE, VINCI, Abertis Infraestructuras S.A.